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Franck MENONVILLE : Débat préalable au Conseil européen des 20 et 21 juin 2019

19 juin 2019


Débat préalable au Conseil européen des 20 et 21 juin 2019

Monsieur le Président,

Monsieur le Vice-président,

Madame la Ministre,

Mes chers collègues,

Demain aura lieu un Conseil européen qui sera particulièrement fondamental pour l’avenir de l’Union européenne.

C’est en effet, à cette occasion, que se dessinera le nouveau visage de la politique de l’Europe, un visage qui demeure flou à bien des égards, depuis trop longtemps. La France devra y faire entendre clairement sa voix et en particulier, lors de la répartition des postes clés et notamment en appuyant des personnalités expérimentées et reconnues.

Les élections européennes l’ont démontré : les attentes des citoyens sont fortes, le taux de participation en témoigne, le plus élevé depuis 20 ans avec 50,5 % contre 42,6 % en 2014, soit près de 8 % de plus.

Ces résultats mettent fin à des années de baisse systématique du taux de participation moyen dans l’Union depuis la première élection au suffrage universel direct en 1979.

Cette forte mobilisation malgré une campagne courte et parfois confuse témoigne de l’intérêt des concitoyens Européens pour l’avenir de l’Union. Nous devons le prendre en compte bien évidemment.

Le programme stratégique de l’UE qui sera adopté au Conseil du 20 juin devra respecter les engagements pris envers les citoyens.

Ainsi, des sujets tels que le changement climatique, l’environnement, la cybersécurité devront être coordonnés au niveau européen. C’est le niveau le plus pertinent à plusieurs égards. En témoigne la réussie de la coopération entre la France, l’Allemagne et l’Espagne en vue de créer le nouvel avion de chasse présenté cette semaine au salon du Bourget.

Cependant, si plusieurs avancées sont notables, notamment sur la politique de défense, les inquiétudes demeurent concernant la protection de nos concitoyens.

En effet, dans certaines situations, les réponses de l’Europe sont encore trop timides.

Trois points me semblent ici importants à développer.

Tout d’abord les inquiétudes existent devant la montée en puissance de la Chine. En effet, la Chine et les États-Unis, a déjà fait une victime : la croissance. En baisse dans le monde, mais aussi en Europe. Et alors même que Pékin pose ses jalons pour son projet de nouvelle route de la soie, une route commerciale entre l’Europe et la Chine, à commencer par la péninsule ibérique où l’empire du milieu est venu au secours du Portugal pour renflouer ses dettes ; mais également dans les Balkans où il est de plus en plus présent et s’étend maintenant au-delà de la mer adriatique. Après le port du Pirée en Grèce, les ports de Gênes et Trieste en Italie ont eux aussi ouvert les bras aux investissements chinois. L’Italie est le premier pays à avoir signé un accord sur la route de la soie, en mars 2019, ces dernières années, les investissements chinois en Europe sont passés de 2 milliards d’euros en 2009 à 37 milliards en 2016.

Comment la France et Bruxelles perçoivent-elles cette offensive chinoise sur le sol européen ? Quelle sera la position de la France et du nouvel exécutif pour mieux défendre les intérêts européens, dans ce contexte ?

Non en simple spectatrice, l’Union européenne doit s’imposer comme force économique et faire respecter sa voix politique sur la scène internationale.

Le deuxième point que je souhaite aborder concerne le cadre financier pluriannuel 2021-2027 sera à l’ordre du jour du Conseil européen, il me semble important de rappeler la nécessité absolue de préserver le budget de la Politique agricole commune qui pourrait faire l’objet d’une baisse, cela n’a pas été évoqué dans le propos liminaire.

Les discussions qui ont eues le 3 juin dernier, à Bucarest, ont confirmé que de nombreuses délégations n’étaient pas prêtes à négocier une position commune sur la PAC post-2020, sans avoir une vision claire sur le budget alloué. La PAC étant un pilier essentiel de l’Union, une diminution de son budget aurait des conséquences dramatiques pour notre agriculture déjà éprouvée et c’est pour cela que la France doit fermement s’y opposer et peser auprès de ses partenaires, dans cette voie.

Le sujet démontre aussi les limites du budget européen. Ses ressources ne sont pas suffisantes face aux priorités toujours plus nombreuses.

Ne faudrait-il pas avoir plus d’audace de le renforcer et surtout de créer de nouvelles ressources propres ? A ce titre, je salue la création du futur budget de la zone euro même si, effectivement, aujourd’hui, ses ambitions sont limitées mais c’est un bon début.

Enfin, ce Conseil européen se tiendra aussi que le Royaume-Uni est plus que jamais dans une situation politique chaotique et inquiétante pour l’Union européenne. Près de trois ans après le référendum, le Brexit est encore au centre de toutes les interrogations.

Mme May a démissionné : une démission pour la forme, afin de lui éviter d’être renversée par son propre Parti.

Le séisme du Brexit a provoqué des secousses au sein même des partis ; en témoigne l’effondrement des Tories et du Labour aux élections européennes et le retour tristement triomphal de Nigel Farage avec le Brexit Party.

Pour que ce chaos politique britannique n’est pas de répercussion sur l’Europe et son avenir, les 27 pays doivent rester unis dans les mois à venir.

La lassitude semble avoir gagné tout le monde : des négociateurs Européens aux citoyens britanniques.

Ainsi, Madame la Ministre, pouvez-vous nous donner des précisions sur ces différentes interrogations ?

Madame la Ministre, nous comptons sur la France pour être force de propositions, pour défendre nos intérêts lors de ce Sommet crucial, pour notre avenir et pour l’avenir de l’Europe.


Interventions au Sénat

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