30 mai 2023
Explications de vote sur la proposition de loi visant à tenir compte, dans l'attribution des bourses de l'enseignement supérieur, de la situation de l'étudiant, aidant d'un parent en situation de handicap (voir le dossier législatif)
🔔 À retrouver également nos réseaux sociaux :
Madame la Présidente,
Madame la Ministre,
Monsieur le Président de la Commission,
Madame la Rapporteure,
Mes chers Collègues,
La famille est le socle fondateur par excellence. L’éducation, la transmission des valeurs et la traversée progressive des premiers âges de la vie a lieu en son sein.
La structure familiale ne se résume pas à un schéma simple et linéaire, il faut tenir compte de sa pluralité, en particulier quand l’un des parents est en situation de handicap.
Le soutien de ces familles est un enjeu qui nous engage collectivement. Ce défi nous rassemble aujourd’hui pour évoquer la situation particulière des étudiants dont l’un des parents est porteur d’un handicap.
Le vécu de l’enfant est forcément différent de celui de ses camarades. Il y a des joies et des peines que lui seul peut connaître.
Arrivé à l’âge des études supérieures, de nouvelles difficultés peuvent apparaitre et s’accumuler, en fonction de la structuration de la famille.
Les « étudiants-aidants » seraient au nombre de 10 000 à 20 000 en France, comme vous l’avez rappelé en commission, Madame la Ministre. Ces jeunes peuvent se retrouver démunis face à la détresse de leur parent, que le handicap soit moteur, sensoriel, psychiatrique ou cognitif.
Il s’agit encore d’un angle mort de nos politiques publiques. La notion d’aidant est encore assez floue dans la législation, en particulier lorsqu’il s’agit d’un autre proche que le conjoint.
Comment être aidé pour son premier déménagement, lorsque son propre parent doit lui-même être aidé ? Comment mener à bien ses études lorsqu’on doit quotidiennement entourer l’un de ses parents ? Ces difficultés sont loin d’être anodines.
L’obtention avec succès d’un diplôme implique un engagement continu et une assiduité sans faille. Ces jeunes-aidants nécessitent pourtant un suivi spécifique. De grandes disparités existent encore entre les établissements scolaires en matière d’accompagnement pédagogique. Le risque d’échec scolaire est accru pour ces étudiants, souvent engagés à aider régulièrement le parent en situation de handicap – en particulier si le noyau familial est distendu.
Certains syndicats étudiants appellent ainsi de leurs vœux à généraliser l’aménagement de leurs emplois du temps.
Nous savons que le Gouvernement a engagé un large chantier de révision du système de bourses d’études sur critères sociaux. Cette nécessaire refonte des aides répond aux travaux du Sénat ; nous l’appelons de nos vœux de longue date. Les étudiants-aidants et les étudiants en situation de handicap doivent en bénéficier. Il est important que leurs situations soient davantage prises en compte dans la répartition des diverses aides étudiantes.
Elles ne se limitent pas aux aides financières. Cela concerne par exemple l’accès aux résidences étudiantes, au restaurant universitaire, à du soutien psychologique ou encore à du tutorat.
Ce texte a le mérite de souligner un manquement face à des situations difficiles, voire extrêmement douloureuses pour ces jeunes. La nouvelle rédaction du texte répond à plusieurs réserves que nous pouvions avoir, qui ont été évoquées en commission.
J’en profite pour saluer le travail de l’auteur, Jean-François RAPIN, et de la rapporteure, Toine BOURRAT.
Nous sommes tous convaincus de l’importance de leur apporter un soutien dédié. L’adoption à l’unanimité du texte amendé jeudi dernier en est la preuve.
Une large réflexion doit être menée pour adapter le système des études à leurs situations spécifiques. Cette proposition de loi ouvre le débat sur la notion d’aidant chez les jeunes, et c’est une bonne chose.
Pour ces raisons, le Groupe Les Indépendants – République et Territoires salue l’adoption de ce texte.
Je vous remercie.