04 janvier 2022
Débat sur le thème : "Le partage du travail : un outil pour le plein emploi ?"
Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Mes Chers Collègues,
D’abord, je voudrais remercier nos collègues du CRCE pour ce débat qui est très important.
L’instauration de l’euro nous a permis, malgré le déficit, de ne pas dévaluer notre monnaie. D’où notre facilité à vivre avec des déficits. Depuis 20 ans, nous n’avons pas su prendre les mesures pour rétablir l’équilibre budgétaire.
En 1983, il y avait le franc, Jacques DELORS, dans le Gouvernement d’union de la gauche, avait été contraint, pour ne pas beaucoup dévaluer, de prendre des mesures d’austérité, alors acceptées par les partis de Gouvernement.
En 1998, le Commerce extérieur français était excédentaire, alors que l’Allemagne affichait un déficit commercial. En 2020 les situations sont inversées. Que s’est-il passé ?
La part de l’industrie dans le PIB français est passée de 20% à 13%, entraînant au passage la perte d’1 million d’emplois. En Allemagne, alors qualifiée d’homme malade de l’Europe, cette part du PIB est passée de 18 à 26%, avec des emplois à la clé.
Pourquoi une telle évolution ? 3 raisons.
La première, c’est l’évolution des coûts de production pour les entreprises. En Allemagne, le Chancelier SCHRÖDER, avec le soutien des syndicats, a gagné l’entrée dans l’euro grâce aux rigueurs des années 2000.
Au même moment, nous nous autorisions une baisse du temps de travail, aggravant l’augmentation du coût du travail, et donc réduisant la compétitivité des entreprises, et malgré les aides publiques importantes à ce moment, mises en place pour accompagner les 35 heures.
Et donc la deuxième, c’est que l’euro a stimulé le commerce intra-européen en facilitant les transactions, ce qui a renforcé la nécessaire compétitivité entre les entreprises. Toute différence de prix, même faible, a une importance capitale.
Et les emplois industriels se sont concentrés dans les zones plus productives.
La troisième raison, c’est que dans une économie de marché – malheureusement c’est comme ça, c’est notre économie – et avec une zone monétaire unique, comme l’Euro, lorsqu’il y a un déficit structurel, lié à l’affaiblissement de notre commerce extérieur, il faut faire baisser le coût de production pour rétablir l’équilibre.
Ce problème n’est pas résolu. Nous sommes dans le pays où le temps de travail – vous l’avez rappelé Monsieur le Ministre – par habitant est le plus faible, et où les prélèvements obligatoires sont les plus forts : nous travaillons, par habitant, 630 heures en moyenne, contre 722 en Allemagne, 808 au Royaume-Uni. Il faut rajouter autre chose c’est qu’il n’y a malheureusement pas d’Europe sociale, dotée d’un salaire minimum homogène dans toute la zone. D’où la délocalisation des industries vers les pays de l’Est. Vous avez parlé de Décazeville, je pourrais parler aussi de la Corrèze.
Pourtant nous devons absolument réindustrialiser notre pays pour financer une protection sociale indispensable, sécurité sociale, assurance-chômage, retraites, aides sociales…
Il faut plus de cotisants donc plus d’emploi, avec l’objectif d’avoir un volume de cotisations augmenté en s’assurant que les cotisations sociales avec les impôts de production ne sont pas plus importantes que celles de nos voisins.
Tel est le chemin d’une véritable Europe sociale, vers laquelle nous devons nous engager.
Il serait souhaitable de parler, de la répartition des richesses dans notre pays. Mais cette meilleure répartition des richesses ne doit pas être nécessairement synonyme de plus d’impôts. Le plus important est d’abord de créer ces richesses, avant de les répartir. Ensuite, il est possible d’augmenter les salaires, avoir une participation au conseil d’administration des entreprises, davantage d’intéressement des employés aux résultats. Cela peut être un salaire décent pour un jeune qui prend l’engagement de se former, un salaire plus important pour l’apprentissage, aussi pour les séniors être à mi-temps et compensé.
Pour créer de l’emploi et des richesses, il faut plus d’entreprises compétitives par rapport à nos concurrents européens.
Votre proposition, généreuse dans sa pensée, réduction à 32 heures par semaine, entraînerait, avec le maintien du salaire et la diminution du temps de travail – cela je le répète – dans une économie de marché et avec une monnaie unique, votre proposition entraînerait un déclin de l’économie et de l’emploi, une perte des recettes sociales, un nouveau recul de notre industrie, notamment dans les PME.