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Daniel CHASSEING : Débat - Prise en charge des personnes atteintes d'un déficit de l'attention

02 février 2022


Débat sur le thème : "L’amélioration de la prise en charge des personnes atteintes du trouble du déficit de l'attention"

 

Monsieur le Président,

Madame la Ministre,

Mes chers Collègues,



Je voudrais féliciter Jocelyne Guidez et Annick Jacquemet pour avoir déposé et rapporté cette proposition de loi visant à améliorer la prise en charge des enfants atteints de trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et pour le travail d’audition très approfondi.


Il s’agit d’un problème relativement fréquent puisque 5% des enfants sont concernés et 2,5% des adultes. Ce texte a été rejeté par la commission ; en ce qui me concerne, j’y étais favorable mais bien sûr je comprends la volonté de renforcer la concertation auprès des associations d’enfants autistes.


Le TDAH se caractérise par trois composantes : l’hyperactivité motrice, l’inattention et l’impulsivité. Les difficultés de concentration sont souvent associées à une opposition permanente, à des dyslexies. Ce trouble du neurodéveloppement a parfois des conséquences importantes sur la scolarité et la vie sociale de l’enfant, puis de l’adulte, avec un risque plus important de décrochage scolaire et de désinsertion professionnelle.


Le délai moyen de diagnostic est de 2,5 ans – 3 ans en France, avec souvent des errances. Le dépistage précoce est pourtant primordial mais nous avons un manque évident de personnel médical : pédopsychiatres, par exemple et paramédical : orthophonistes, psychomotriciens notamment pour une prise en charge pluriprofessionnelle.


L’accompagnement de l’enfant est souvent coûteux pour les parents. Les SESAD (services d’éducation spécialisée à domicile) et les CMPP (centre médico-psycho-pédagogiques) se trouvent souvent démunis faute de personnel adéquat.


Pour une véritable école inclusive, nous devons aussi renforcer la présence des AVS formés tout au long de la journée scolaire et périscolaire, y compris à la cantine. Les enseignants sont les premiers à signaler bien sûr aux parents des problèmes d’inattention en classe et d’agitation. Les élèves concernées peuvent être mis de côté et les parents sont parfois en très grande souffrance. Nous devons donc mieux les accompagner pour les aider à comprendre les troubles de l’enfant, leur permettre d’adopter une attitude positive avec bien sûr des soins pour l’enfant.


Une stratégie nationale pour l’autisme et les troubles du neurodéveloppement a été lancée par le Gouvernement en 2018. Elle vise précisément à renforcer l’information des professionnels, coordonner les soins et diminuer le reste à charge pour les familles. Il faut saluer ces avancées pour repérer mais nous devons aussi renforcer la prise en compte des TDAH et former autant les professionnels de santé que les enseignants. L’article 3 de la proposition de loi prévoyait d’instaurer deux consultations de dépistage obligatoire des troubles du neurodéveloppement. C’est bien mais je voulais rappeler qu’il existe, en plus du bilan à 3 ans, un bilan de santé à 6 ans et la Cour des Comptes indique dans son dernier rapport sur la médecine scolaire que seulement 18% de ces visites ont été réalisées en 2018, faute bien sûr de médecins scolaires disponibles.


Avant d’ajouter donc de nouvelles visites médicales obligatoires, nous devons aussi régler le problème de la pénurie de médecins scolaires et permettre à tous les enfants avant 6 ans d’effectuer leur bilan de santé.


Madame le Ministre, j’aimerais aussi évoquer, un mot, je dirais un mot pour appeler votre attention sur les élèves que l’on appelle surdoués ou à haut potentiel, dont certains présentent ce trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité. Certains pays identifient très tôt ces enfants et leur proposent une scolarité adaptée. La solution proposée historiquement en France consistait à faire sauter une ou plusieurs classes ; c’est pas forcément idéal. Il faudrait décloisonner davantage la scolarité de ces élèves sans forcément brûler les étapes, en nous inspirant des initiatives qui ont fait leurs preuves à l’international.


Je souhaite, en conclusion, remercier particulièrement le Groupe Union Centriste de nous avoir offert cette occasion de débattre de la prise en compte des TDAH, dans ces différents aspects.

Interventions au Sénat

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