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DECOOL - MENONVILLE : Quelles politiques pour l'éducation et la jeunesse ?

01 décembre 2021


Débat sur le thème "Éducation, jeunesse : quelles politiques ?"


Jean-Pierre DECOOL - orateur pour notre Groupe

Madame la Présidente,

Madame la Ministre,

Chers Collègues,



L’école est cet espace d’élévation dans lequel l’enfance dessine l’avenir et le fait advenir. Parce qu’elle est un moment charnière dans l’existence, nous devons tout faire pour offrir aux enfants cet héritage indispensable que forme l’éducation dans l’esprit de chacun. Investir massivement dans l’école, dès le plus jeune âge, voilà la priorité.


Ces dernières années, le Gouvernement a concentré ses moyens en direction des publics identifiés comme les plus fragiles, en dédoublant progressivement les classes de grande section de maternelle, CP et CE1 des réseaux d’éducation prioritaire. Ces mesures semblent porter leurs fruits, les études constatent dans ces classes une amélioration du climat scolaire et de meilleurs résultats en particulier en mathématiques. Nous y sommes favorables dans la mesure où elles contribuent à lutter contre le déterminisme social en offrant de meilleures conditions d’apprentissage aux élèves qui en ont le plus besoin.


Pourtant, nous devons changer d’échelle, aller plus loin, plus haut dire-je. Le Gouvernement entreprend de limiter progressivement les effectifs à 24 élèves par classe à l’école élémentaire, soit la moyenne actuelle. Je pense qu’il nous faut être plus ambitieux et abaisser cette jauge à 22 élèves par classe pour favoriser l’apprentissage des fondamentaux dans de bonnes conditions. Le nombre d’élèves « non lecteur » est en augmentation, tandis que le niveau des élèves baisse continuellement depuis près de 20 ans. Très concrètement, une ou un enseignant en fin de carrière ne peut plus proposer à ses élèves les mêmes exercices qu’il ou elle proposait il y a 30 ans aux élèves de même niveau. Nous devons fournir plus d’efforts pour inverser la tendance, améliorer les résultats des élèves en leur donnant le goût du travail. Pour cela, faire appel aux professeurs spécialisés du RASED permettrait d’offrir un accompagnement adapté aux élèves les plus en difficulté et un soutien inestimable pour les enseignants. Nous ne devons laisser aucun élève illettré sans accompagnement ciblé. 6 heures d’AVS par semaine, dans une classe de 28 élèves dont deux enfants non lecteur en CM1, voilà la réalité quotidienne de bon nombre d’enseignants à qui l’on demande les résultats sans les moyens, c’est-à-dire l’impossible.


D’autre part, la faiblesse des évaluations dites « courtes, ciblées et valorisantes » associée au nombre insuffisant d’évaluations nationales ne permet pas un suivi régulier des acquis, des lacunes et des progrès des élèves. Si nous voulons changer de dynamique, il nous faut mettre en place des évaluations standardisées nationales à chaque étape, c’est-à-dire à chaque classe, et j’irai même plus loin : je pense que nous devons systématiquement évaluer les élèves à la rentrée et en fin d’année de chaque classe, avec un dispositif adapté, naturellement, aux classes multiniveaux, lesquelles concernent près d’un élève sur deux. Il suffirait pour cela de flécher 6 heures des 108 heures de réunion par an des enseignants pour corriger ces évaluations. Cette mesure permettrait de donner une vision homogène des exigences, de mettre en évidence les élèves en grandes difficultés afin de renforcer leur accompagnement, et d’identifier les élèves les plus prometteurs. Nous devons guider les plus fragiles vers la réussite, en prévoyant un parcours suffisamment stimulant pour les élèves qu’on pourrait qualifier d’agiles. Près d’un tiers des enfants à haut potentiels se retrouve en échec scolaire, faute d’une scolarité adaptée.


Il faudrait également augmenter, voire doubler, le temps consacré aux échanges individualisés avec les parents, afin de permettre à chaque enseignant de rencontrer chaque parent d’élève au moins 15 minutes par an. Nous devons également accorder plus de souplesse dans le choix des 18 heures de formation annuelle des enseignants. Bien souvent, ils sont contraints de suivre des formations déconnectées de la réalité, éloignées de leurs besoins et en décalage par rapport au déroulé du programme. La plupart des enseignants ont un immense besoin de formation et de soutien dans la gestion de la classe. Ils devraient aussi pouvoir bénéficier de rendez-vous avec un psychologue scolaire tout au long de l’année, autant que de besoin. Le temps dont ils disposent actuellement se limite à une rencontre par an, en début d’année scolaire. L’accompagnement des enseignants dans l’exercice de leurs missions est le premier facteur de réussite des élèves.


Madame la Ministre, ces grandes lignes programmatiques sont les quelques ajustements nécessaires pour que l’âge d’or de l’éducation nationale ne soit pas derrière nous, mais droit devant.


Franck MENONVILLE a interrogé le Gouvernement au nom de notre Groupe

Merci Madame la Présidente,

Madame la Ministre,


Le parcours scolaire, de la maternelle aux études supérieures, dessine un continuum dans formation de la jeunesse française à la culture républicaine. Ces valeurs intangibles, le sens du collectif, l’esprit civique qui y sont inculqués forment la clé de voute indispensable à la cohésion de notre société.


L’un des piliers de cet apprentissage est l’éducation morale et civique, une matière à part entière depuis la réforme de 2015. Cette dernière mériterait encore des ajustements, me semble-t-il. Il conviendrait d’abord d’augmenter le nombre d’heures consacrée ou à défaut, de prioriser son contenu au regard de l’ampleur du programme. D’autre part, je pense souhaitable de renforcer le programme « apprendre ensemble et vivre ensemble » à l’école maternelle, en insistant notamment sur la prévention et la lutte contre le harcèlement scolaire qui touche aussi les très jeunes enfants.


Le Ministre de l’éducation nationale a annoncé l’année dernière vouloir valoriser l’engagement des élèves dans le cadre d’une réforme du brevet des collèges. Cette idée me semble très intéressante. Est-elle toujours d’actualité et le cas échéant, sous quelle forme l’envisagez-vous ? Je pense qu’il faudrait également valoriser l’engagement citoyen et notamment le bénévolat des élèves de lycée au travers de Parcoursup, en prévoyant une rubrique dédiée dont les algorithmes pourraient donc en tenir compte. Enfin, je souhaite attirer votre attention sur l’importance de développer le mentorat entre lycéens et les jeunes diplômés des grandes écoles, pour lutter contre l’éloignement social et géographique des élèves avec les écoles les plus sélectives de notre pays, souvent parisiennes. En milieu rural, nous constatons une forte autocensure chez des élèves pourtant prometteurs ; institutionnaliser le mentorat serait un moyen de lever cet obstacle, tout en favorisant la réussite de tous les élèves.


Nous sommes là au cœur donc de l’idéal républicain et de la promesse républicaine.


Réponse de Mme Sarah EL HAÏRY – Secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse et de l’engagement

Madame la Présidente, Monsieur le Sénateur Menonville,


Je partage absolument toute votre intervention, que ce soit sur l’idéal républicain, que ce soit sur le mentorat, que ce soit sur la nécessité de renforcer l’éducation civique et morale.


Monsieur le Sénateur, aujourd’hui avec le Ministre Jean-Michel BLANQUER, le projet de reconnaître et de valoriser l’engagement au sein du brevet est en cours, est encore d’actualité et en cours d’expérimentation d’où mon lapsus.


L’objectif il est simple c’est, pour devenir citoyen, c’est un parcours. C’est un parcours à plusieurs bases, mais il faut des repères. Il faut valoriser l’engagement dès le plus jeune âge. Pour ça, évidemment la question du brevet, la question du service national universel mais aussi la reconnaissance des engagements bénévoles au sein de Parcoursup.


Aujourd’hui, il y a une première rubrique mais sincèrement, on peut aller beaucoup plus loin, sur la reconnaissance du bénévolat et de l’engagement, que ce soit dans le cadre de la démocratie scolaire quand on est délégué et co-délégué. Quand on s’engage au sein d’un CVN ou quand on s’engage dans sa commune, dans un conseil municipal jeune ou sous une autre forme, pour ne pas créer de hiérarchie entre les différents engagements.


Au-delà, Monsieur le Sénateur, de la question de la reconnaissance à des moments clés, le brevet, le bac, je crois à l’importance des rituels et des rites de passage. Le brevet est un rite de passage, le bac est un rite de passage et finalement, dans ces moments de rites, on peut valoriser encore plus fortement, eh bien, le parcours de citoyenneté.


Au-delà, la question de : Comment lutter contre l’auto-censure ? C’est la question effectivement du soutien d’associations qui font du tutorat et du mentorat spécifiquement. Il y en a une pour laquelle j’ai une affection un peu particulière qui s’appelle « Des territoires aux grandes écoles » qui en réalité, accompagne par du tutorat et du mentorat des jeunes qui viennent des territoires ruraux par la force du témoignage, par la force finalement du compagnonnage, d’une certaine manière, pour ne pas s’interdire ou s’auto-limiter dans la capacité d’aller dans une grande école, soit parfois parce qu’il y a un coût, le coût du concours soit parce que simplement, eh bien on ne se projette pas, parce qu’on croit que ça n’est pas pour soi. Eh bien, avec le tutorat, le mentorat, je crois Monsieur le Sénateur, que le projet d’une République de l’égalité des chances et surtout de l’égalité des possibles est fondamentalement en train d’être bâtie.

Interventions au Sénat

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