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Emmanuel CAPUS : QAG - Les conséquences de l'inflation à long terme sur l'économie et la dette

26 janvier 2022


Question d'actualité au Gouvernement

 

Monsieur le Président,

C'est désormais une certitude : l'inflation fait de nouveau partie du paysage économique. Elle s'établit à 5% dans la zone euro, bien au-delà des prévisions des économistes. Heureusement, le choc est plus modéré en France.


La question ne porte pas sur les causes de cette inflation. Personne ne remet en cause le quoi qu'il en coûte. Ou du moins, personne ne l'a contesté au plus fort de la crise, quand notre pays mobilisait ses forces pour lutter contre le virus.


La question aujourd'hui, ce sont les conséquences, à court terme et à long terme de cette inflation.

À court terme, le Gouvernement a mis en place des dispositifs d'urgence qui ont largement atténué les effets. Je ne veux pas relancer ces débats. Nous les avons déjà eus ici.


Ma question porte sur les conséquences à long terme de l'inflation. Parmi les scénarii possibles, le relèvement des taux d'intérêt inquiète. Ce risque n'a jamais paru aussi élevé.


Aux États-Unis, le patron de la Banque fédérale a reconnu que l'inflation n'avait rien de transitoire. Il laisse entendre qu'il pourrait relever les taux pour éviter une crise sociale en Allemagne, le rendement des obligations d'État à 10 ans est repassé au-dessus de zéro, une première depuis 2019.


Il est donc hautement improbable que la France soit épargnée. Face à cette hypothèse, notre pays a deux atouts : la croissance la plus forte et l'inflation la plus faible de toute la zone euro.


Mais, Madame la Ministre, il a une faiblesse : sa dette publique. Le Gouverneur de la Banque de France a rappelé hier que le taux d'endettement actuel n'est pas soutenable à long terme.


La question est donc simple, Madame la Ministre, comment évaluez-vous le risque de relèvement des taux d'intérêt ? Et pouvez-vous nous rassurer sur la capacité de la France à rembourser sa dette ?


Réponse de Agnès Pannier-Runacher – ministre déléguée chargée de l’Industrie

Merci Monsieur le Président.

Mesdames et Messieurs les Sénateurs,


Monsieur le Sénateur Capus, vous le signalez dans votre introduction, la France a deux atouts : la croissance la plus forte de la zone euro et l'inflation la plus faible.


Cette situation favorable, elle s'explique par une politique. Cette politique, c'est celle du quoi qu'il en coûte, qui, vous l'avez souligné, n'était pas contestée, mais surtout a permis de relancer la croissance puisqu'elle a préservé l'outil de production. Elle a préservé les compétences et elle a permis de redémarrer extraordinairement rapidement, à la différence de ce qui avait été fait en 2008 et 2009, où la gestion de la crise avait certes permis de sauver le système bancaire européen, mais avait eu deux inconvénients.


Le premier, c'est que le chômage partiel était trop bas, et nous avons eu une saignée d'emploi massive à ce moment-là : 139 000 emplois supprimés dans l'industrie en particulier. Et le deuxième, c'est que la fiscalité a augmenté trop rapidement et a bloqué le rebond de la croissance.


Donc nous avons appris des gestions des crises passées et aujourd'hui, nous sommes, nous abordons cette situation de reprise dans les meilleures conditions possibles.


Alors vous avez raison, vous soulignez la dette. D'abord, je m'appuie sur ce que dit l'économiste Paul Krugman, qui relève que la gestion de la crise en France, d'un point de vue économique, est une des meilleures du monde.


Je m'appuie également sur ce que dit l'Institut des politiques publiques, qui dit que si nous n'avions pas pris ces mesures, la dette aurait été de 10 points supérieure.


Donc, en fait, cette stratégie que vous avez soutenue a été la bonne. Comment fait-on pour demain gérer ce problème de dette qui n'est pas soutenable ? Puisque 115% du PIB, tout le monde aura compris que c'est beaucoup.


C'est la crédibilité, c'est la crédibilité de la gestion de nos finances publiques.


C'est le fait que les ministres des Comptes publics qui se sont succédés, le ministre de l'Économie, ont toujours fait mieux que le budget qu'ils ont annoncé. C'est le fait que pour la première fois dans cette mandature, nous sommes sortis du processus de déficit public trop important vis-à-vis de l'Union européenne.


Cette crédibilité là nous permet, vis-à-vis des marchés financiers, d'être crédible et de limiter les conséquences d'une hausse des taux.


Merci.

Interventions au Sénat

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