20 mai 2021
Explications de vote sur la deuxième lecture de la proposition de loi en faveur de l'engagement associatif
Madame la Présidente,
Madame la Ministre,
Monsieur le Président de la Commission,
Monsieur le Rapporteur,
Mes Chers collègues,
La crise sanitaire fait vaciller le monde associatif. La plupart des associations culturelles et sportives ont été contraintes de fermer leurs portes et de suspendre leurs activités durant les confinements successifs. Des milliers d’entre elles risquent une cessation d’activité, car leur fonctionnement repose souvent sur l’obtention de subventions, de cotisations, sur le bénévolat et l’organisation de manifestations. Tout leur modèle économique est mis à mal. La dernière enquête réalisée par « Recherches et solidarités » indique que la plupart des associations ont dû revoir leur fonctionnement, notamment à travers la mise en place d’outils numériques pour développer le « télébénévolat ».
Pourtant, la crise sanitaire et l’isolement contraint de beaucoup de nos concitoyens ont démontré la pertinence des actions du secteur associatif pour animer la vie locale et favoriser le lien social. Dans nos villes, villages, une association locale est souvent le dernier rempart contre la solitude et la première école de la démocratie.
Cette proposition de loi, proposée par Sylvain Waserman a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Je souhaite remercier l’auteur de cette initiative, dans laquelle je retrouve l’esprit de certaines propositions du rapport que m’avait commandé Jean-Pierre Raffarin « des associations en général… vers une éthique sociétale » et publié en mai 2005. Ce rapport préconisait entre autres, de renforcer l’accès à la formation des dirigeants associatifs et la sensibilisation du public au bénévolat.
Plus de quinze ans après sa publication et l’extension du Chèque Emploi Associatif, nous restons dans l’expectative d’une réforme globale du secteur associatif afin de favoriser son développement au service de l’intérêt de la société.
Le texte que nous examinons à présent, en nouvelle lecture, propose des mesures visant à encourager les prises de responsabilité associative et l’engagement de la jeunesse. Le Groupe Les Indépendants - République et territoire soutient cette initiative. Le réseau associatif français compte près de 13 millions de bénévoles et 1,8 million de salariés dont l’action est organisée par les dirigeants d’associations. Ces derniers manquent trop souvent d’accompagnement technique et de connaissances en matière de gestion comptable et administrative. L’article 1 de la proposition de loi propose d’étendre l’exception de négligence applicable aux dirigeants d’entreprises, en cas de faute de gestion conduisant à une insuffisance d’actifs, aux dirigeants d’associations. Ce dispositif permettra de rendre plus attractif l’exercice de responsabilités à titre bénévole.
J’ai soutenu les propositions de Michel Savin, proposant de valoriser l’engagement associatif des salariés à travers la compensation d’une journée de bénévolat par an et par l’employeur, ainsi que le dispositif de crédit d’impôt pour responsabilité associative. Je regrette que ces dispositions ne soient plus présentes dans le texte que nous examinons, bien que je comprenne les motifs de ce retrait.
L’article 2 porte sur la sensibilisation des jeunes au bénévolat, du CM2 au lycée. Je pense que nous devons aller plus loin, et étendre les mesures de reconnaissance de l’engagement associatif des étudiants aux lycéens.
Enfin, l’article 3 ouvre à bon escient l’accès au service civique des ressortissants algériens résidants en France.
Cette proposition de loi aux contours modestes apportera de nouvelles garanties pour favoriser le renouvellement des dirigeants bénévoles et l’engagement de la jeunesse. Pour aller plus loin, il nous faudrait améliorer la lisibilité fiscale des dispositions applicables aux associations, car leur complexité est souvent un obstacle à leur appropriation.
« Un sourire coûte moins cher que l'électricité, mais donne autant de lumière » disait l’Abbé Pierre. Le monde associatif est ce sourire adressé à la société, loin de toutes considérations marchandes, devrais-je même dire mercantile, un lieu particulier dans lequel s’exerce la première de nos libertés : celle d’agir pour aider son prochain et s’inscrire dans une aventure humaine. A l’heure de la montée des tensions communautaires, l’engagement est un art de vivre, cette arche d’alliance décrite par Albert Camus, dont la tache consiste à éviter que le monde ne se défasse.
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