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Jean-Pierre DECOOL : QAG - L'abstention aux élections départementales et régionales

23 juin 2021


Question d'actualité au Gouvernement

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre de l’intérieur,

Mes Chers Collègues,


Le spectre d’une abstention massive nous menaçait. Pour une fois les sondages ne se sont pas trompés et l’ensemble de la classe politique a reçu une douche froide


L’abstention a atteint un niveau historique : 2 Français sur 3 ne sont pas exprimés !


N’est-il pas urgent d’éclaircir les origines de ce phénomène, et d’esquisser des pistes de réflexion au-delà des satisfactions et des déceptions politiques des uns et des autres.


Le Covid a sa part de responsabilité, certes, et le chemin vers les isoloirs n’était peut-être pas la priorité des Français.


Si la grande gagnante est l’abstention, j’aimerais connaitre la ou les sources de cet étrange paradoxe : très souvent il est reproché à notre classe politique nationale d’être éloignée du terrain ; mais quand vient le temps des élections locales, les électeurs sont aux abonnés absents.


On a connu les gilets jaunes se plaindre du manque de représentativité ;

On entend les jeunes se lamenter du manque de rendez-vous démocratiques …

Et quand ces rendez-vous sont fixés !... ça fait pschittt, plus personne pour les honorer !


Comment expliquer cette désaffection démocratique ?


Je n’ai pas d’explications satisfaisantes et les ratés de livraison des professions de foi ne justifient pas tout.


Alors que nous disposons de moyens de communication vertigineux, je m’interroge sur les modalités de l’exercice démocratique.


Aussi n’est-il pas temps de se poser ou se reposer officiellement certaines questions :

- La concomitance de deux élections le même jour est-elle heureuse ?

- N’est-il pas opportun de recourir à des solutions technologiques face à un certain « archaïsme démocratique » en admettant le vote par correspondance ou le vote par internet même si beaucoup sont réticents ? …

- N’est-il pas opportun de se poser la question du vote obligatoire voire du vote blanc même si, il n’est pas forcément dans la démarche constitutionnelle ?


Qu’elle est cette majorité silencieuse ?


Après 40 ans de vie politique, locale en tant qu’ancien maire d’une commune rurale et 20 années de vie parlementaire, je suis comme nous tous, abasourdi par cette désaffection des électeurs.

Merci de votre réponse.


Réponse de M. Gérald DARMANIN – Ministre de l’Intérieur

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, Monsieur le Sénateur Jean-Pierre DECOOL,


Evidemment, l’abstention nous choque tous ; nous choque tous et des questions doivent se poser puisque, vous l’avez dit, le silence est là et ce silence veut dire quelque chose et le silence vient de loin.


Je rappelle que pour les premières élections régionales, il y a eu 77 % de français qui ont été voter à la fin des années 80 et que nous constatons que, prenons l’exemple de 2015, une élection sans concomitance, une élection qui n’a pas été reportée, une élection ou les professions de foi, pour la plupart, sont arrivées à l’heure, une élection où il n’y avait pas de crise Covid, seuls 50 % des français sont allés voter, c’est-à-dire plus de 20 points en plus de 20 ans d’abstention aux élections locales.


Ce qui est vrai pour les élections locales puisque nous l’avons déjà constaté aux municipales, Monsieur le Sénateur, où dans de très nombreuses grandes villes de France, c’était le même niveau d’abstention que Mars dernier, au premier tour, j’entends évidemment et bien sûr au second lorsqu’il y en a eu, nous constatons qu’à l’élection présidentielle, en revanche, même s’il y a une tendance à la baisse, il y a quand même 75 % des français qui vont aux urnes.


Et bien sûr, on peut se poser la question de savoir si les modalités peuvent être améliorées ; très certainement qu’elles peuvent être améliorées. En regardant le secret du scrutin pour éviter les pressions communautaires, patriarcales, familiales mais il faut évidemment réfléchir à la modernisation du vote.


Nous pouvons penser aussi que c’est pas simplement les modalités qui mènent à l’abstention mais aussi, aux politiques plus profondes qui touchent l’occident parce que tous les pays sont touchés et singulièrement la France.


Je voudrais dire, Monsieur le Sénateur, que nous devons y réfléchir bien sûr collectivement après ce second tour des élections régionales et départementales. Avec un peu de recul mais le scrutin n’est pas fini, puisqu’il s’agira dimanche prochain, peut-être que la concomitance des deux élections souhaitées en 2015 n'était pas la meilleure des solutions pour la bonne compréhension de nos concitoyens.


Peut-être aussi que nous pourrions faire bouger les lois qui nous permettent de faire un seul bureau de vote par exemple et qui permet de rendre plus clair un certain nombre d’exercices de vote.


Peut-être que nous pourrions aussi réfléchir bien sûr aux modalités de scrutin. Et je suis évidemment à la disposition du Parlement et singulièrement du Sénat pour y réfléchir.

Interventions au Sénat

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