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Jean-Pierre Grand : Livre blanc de la Commission européenne sur la Défense

  • Photo du rédacteur: Les Indépendants
    Les Indépendants
  • 9 avr.
  • 3 min de lecture

Débat sur le Livre blanc de la Commission européenne sur la Défense



Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Mes chers Collègues,


Ces dernières semaines, des négociations se sont tenues en Arabie saoudite entre l’Ukraine, les Etats-Unis et la Russie, sans l’Union européenne.


Cette situation est aussi révoltante que paradoxale : l’Europe est concernée en premier chef par le conflit en Ukraine.


Si aujourd’hui, Vladimir Poutine s’attaque à l’Ukraine, nous pouvons imaginer que demain la Pologne, l’Estonie, la Lituanie ou encore la Lettonie pourraient subir le même sort.


Rappelons quelques faits. Automne 2021, plusieurs mois avant le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Pologne, mais aussi la Lituanie, pays résolument tournés vers le camp occidental et attachés à l’Union européenne, sont victimes d’une attaque hybride menée par la Russie de Poutine et la Biélorussie de Loukachenko. Le principe ? Exercer une pression migratoire ingérable à leurs frontières. L’Europe se mobilise, avec Frontex notamment, mais certainement pas assez.


Pourquoi ? Parce que les fondements mêmes de l’Union européenne ont été ceux d’une union économique. Ils ont été ceux d’une union pour la paix par la prospérité et non, pour reprendre les mots d’Ursula von der Leyen au sujet de l’Ukraine, de la paix par la force.


Les bouleversements géopolitiques de ces dernières années nous obligent à nous changer d’approche.


Une prise de conscience collective avait eu lieu lors du premier mandat de Donald Trump avec des mesures importantes, comme la mise en place du Fonds de défense européen en 2021.


La guerre en Ukraine a ensuite donné lieu à de nombreuses initiatives, comme la boussole stratégique et une redéfinition du rôle de l’Union européenne sur la scène internationale. La réélection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, son rapprochement avec la Russie et sa décision de suspendre les aides américaines à l’Ukraine nous obligent à aller plus loin.


C’est dans ce contexte que la Commission européenne a dévoilé en mars dernier le très attendu Livre blanc sur la défense européenne. Si l’OTAN reste la pierre angulaire de la défense collective de l’Europe, l’Union a désormais le devoir d’assurer sa propre sécurité.


Le soutien à l’industrie européenne de la défense est un point majeur de ce livre blanc. Partant du constat que trop peu d’initiatives communes européennes voient le jour en ce domaine, la Commission a identifié plusieurs secteurs critiques dans lesquels des projets réunissant au moins deux pays européens devront être menés. C’est le cas, par exemple, de la défense aérienne et antimissile ou encore de l’intelligence artificielle.


Afin que l’Europe soit mieux préparée aux scénarios les plus pessimistes, la Commission préconise d’améliorer la mobilité militaire, en constituant des stocks et en renforçant nos frontières extérieures, notamment avec la Russie et la Biélorussie.


Enfin, le soutien à l’Ukraine est au cœur de ce Livre blanc, qui prévoit une assistance militaire accrue et une plus grande intégration des industries de défense européenne et ukrainienne.


Ces mesures s’accompagnent bien évidemment de propositions financières ambitieuses. C’est tout le sens du plan « ReArm Europe » qui a été présenté par la Commission européenne début mars et validé sur le principe par l’ensemble des États membres lors du Conseil européen du 6 mars 2025. Les dispositifs proposés par ce plan visent à mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros pour notre défense.


Le plan prévoit notamment une dérogation au Pacte de stabilité et de croissance pour permettre aux États membres de dépenser davantage pour la défense, sans être visés par une procédure de déficit excessif. La Commission y propose aussi de donner accès aux États à une facilité de prêt pour les dépenses militaires, garantie par le budget européen jusqu’à 150 milliards d’euros. La mobilisation de la Banque européenne d’investissement est également un point clé du plan.


Considérant l’ensemble de ces éléments, le groupe Les Indépendants soutient les mesures préconisées par le Livre blanc de la Commission européenne. Nous resterons cependant vigilants à ce que ces préconisations soient suivies des faits.


Je rappelle que lors des Conseils européens des 6 et 20 mars dernier, les 27 États membres ne sont pas parvenus à un consensus sur l’Ukraine, à cause de la Hongrie. Demain, il est possible que d’autres États membres bloquent les décisions.


N’oublions pas que, pendant des années, les États membres ont été divisés sur les questions de défense, entre ceux qui voulaient s’en remettre pleinement à l’OTAN et ceux qui souhaitaient le développement d’une vraie défense européenne. Quel est, Monsieur le Ministre, votre sentiment à ce sujet ?


Vous l’avez compris, la défense européenne est plus que jamais nécessaire. A nous, Européens, d’être unis et au rendez-vous pour que l’Europe ne sorte pas de l’histoire.


Je vous remercie.


SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI.

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