08 avril 2020
Question d'actualité au Gouvernement
Monsieur le Ministre,
Les Français confinés utilisent très massivement le numérique que ce soit pour travailler à distance, pour faire leurs achats, se divertir ou encore pour garder le contact avec leurs proches. La géolocalisation peut être également un outil pour traquer les déplacements et endiguer la propagation du coronavirus.
Tout cela pose des problèmes d’éthique, de liberté individuelle et aussi de respect des données personnelles. Mais cela soulève aussi un problème, la question de la souveraineté numérique en France. La situation actuelle révèle et renforce notre dépendance aux GAFAM.
Ces géants prennent une part de plus en plus prépondérante dans notre économie, sans payer d’impôts à la hauteur de leurs profits. Les entreprises françaises souffrent pendant que ces géants gagnent des parts de marché. Il serait normal que les entreprises qui bénéficient finalement de cette crise contribuent financièrement à aider celles qui en pâtissent.
Le confinement agit, en réalité, comme le révélateur de nos faiblesses dans l’approvisionnement d’équipements, comme cela vient d’être dit, mais aussi en médicaments, mais aussi au niveau de la maîtrise d’internet.
Nous devons penser cette crise comme une opportunité de modifier notre modèle de développement, trop dépendant d’autres nations dans des domaines majeurs.
Comment comptez-vous Monsieur le Ministre, bâtir la souveraineté française et européenne en particulier dans le domaine des hautes technologies et du numérique bien sûr ?
Cédric O - Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de l'économie et des finances et du Ministre de l'action et des comptes publics, chargé du numérique
Le Gouvernement partage vos préoccupations. Je ne peux que m'inquiéter quand je vois que les Français et même les institutions ont massivement recours aux technologies américaines. L'État, comme le Sénat, se sert d'une application de visio-conférence américaine, qui certes fonctionne mais pose bon nombre de questions.
La souveraineté numérique est un sujet cher à votre Haute Assemblée, qui lui a récemment consacré une commission d'enquête.
L'émergence de solutions numériques françaises et européennes est au cœur de notre indépendance et de la défense de nos valeurs. C'est la stratégie de ce gouvernement, parfois raillée sous le nom de « start-up Nation » : faire émerger des champions du numérique. Je pense à la télémédecine, ou à l'Éducation nationale qui a pu trouver des serveurs français pour déployer son espace numérique de travail.
Il faut accélérer l'émergence des « licornes », ces entreprises du numérique valorisées à plus d'un milliard d'euros, au nombre de sept en France, dont quatre ont émergé l'an dernier. L'après-crise devra s'accompagner d'une réflexion sur notre souveraineté économique, sanitaire mais aussi numérique.
Réplique :
Je vous remercie, Monsieur le Ministre, puisque je me réjouis que vous partagiez cette orientation et d’ailleurs, le fait d’avoir créé un secrétariat au numérique, nous permet d’avoir cet espoir. Je le dis d’autant plus, qu’il y a aussi d’autres domaines et la défense nationale en est un, que nos forces armées et nos polices puissent disposer d’outils qui leurs permettent de se prémunir contre une attaque terroriste ou encore, pour réagir par rapport à des cyber-attaques. Je pense que c’est vraiment un domaine où il faut absolument que nous gagnions cette souveraineté, et j’ai confiance dans le fait que nous puissions tous ensemble y travailler et se créer un nouveau modèle de développement à l’usage de notre pays et nous permettre de faire face à des crises comme celle que nous vivons, en toute indépendance.
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