02 décembre 2020
Projet de loi de finances pour 2021 - Mission "Médias, livre et industries culturelles"
Madame la Présidente,
Madame La Ministre,
Mes chers Collègues,
Cette année, les français ont été limités dans leurs déplacements pendant plusieurs semaines, d’ailleurs certain certaines restrictions existent toujours.
Mais ces confinements ont mis en lumière une réalité : c’est l’attachement des français à la culture, à tous les types de cultures. Ils ont mis à profit ces moments :
- pour lire les derniers succès de librairie, pour relire les grands classiques ;
- pour redécouvrir les films cultes ;
- pour se mettre à jour des dernières séries ;
- pour télécharger (légalement) les films récents.
- et pour s’informer et beaucoup s’informer ; il faut regarder les taux d’audience, les niveaux d’audience des informations quotidiennes pendant le confinement pour voir que les français ont cherché en permanence à s’informer.
Finalement, l’industrie culturelle et l’information sont restées, pendant le confinement, présentes dans la vie des français, plus dans les lieux habituels et pas forcément avec les mêmes modes de consommation.
Les librairies, les disquaires, les bibliothèques, les cinémas, les théâtres, ces lieux où nous avons l’habitude de nous retrouver, de nous rencontrer, pour partager des moments si particuliers ont disparu de notre quotidien.
Ces adresses, ces commerces, ces salles, nous avons une obligation, les accompagner financièrement pour qu’ils soient encore en activité après la crise.
Pour certains métiers, la crise, elle n’est pas là depuis mars 2020, elle est là depuis de nombreuses années, avec des modèles économiques qu’il faut revoir.
La situation pour la presse était déjà délicate.
La consultation des journaux en ligne, des articles, des applications, s’est évidemment accélérée pendant le confinement, mais ça n’a pas permis de compenser la baisse des ventes papier. J’joute que les moins de 35 ans, pour plus d’une majorité maintenant, s’informent via les réseaux sociaux.
Tant est si bien que la publicité, elle suit ses potentiels clients et qu’elles vont plutôt aujourd’hui financer les Facebook et les Google, que la presse classique. Ce qui va, au-delà du sujet économique, pose un problème même d’enjeu de société, puisque sur les réseaux sociaux, à coup de fake news et de manipulations plus ou moins organisées, on éloigne le citoyen de la réalité des faits.
La vérité, c’est qu’il faut lutter contre les dérives que les réseaux sociaux engendrent, il faut soutenir et accompagner la presse à changer ses modes de distributions et à prendre le virage du numérique.
Même si tout n’est pas parfait, les français continuent de lire et d’acheter des livres. L’enjeu, là, c’est de sauvegarder le réseau des détaillants, en clair, les libraires.
Leurs fermetures ont été, à juste titre, incomprises pendant le second confinement, « Le click and collect » a permis de légèrement limiter l’impact. Toutefois, ce sont les géants de la vente en ligne qui ont massivement, évidemment, pris le relai pendant cette période.
Certaines mesures en faveur de ce secteur sont proposées, c’est une bonne nouvelle, mais une grande vigilance s’impose, nous devons collectivement bâtir les outils qui permettront de contenir la montée en puissance de certains GAFA qui sont entrain de remettre en cause des modèles qui jusqu’alors fonctionnaient plutôt bien.
Le secteur du cinéma a été violemment impacté par la crise sanitaire. Ce ne sont pas que les salles vides, ce sont les tournages décalés, arrêtés, parfois même annulés. Ce PLF apporte un soutien financier important à ce métier, ce doit être une priorité, nous savons ce qu’est le cinéma en France et nous savons que le cinéma permet le rayonnement de notre pays dans une grande partie du monde.
La réforme de l’audiovisuel public, cela a été abordé par certains, c’est un peu le grand absent de ce PLF. Néanmoins, il y a le sujet du nombre de chaines, du nombre de radios, de la structure, etc. Mais si je peux y aller de mon conseil et de l’ordre dans lequel il faut aborder les choses : évitons, comme je l’entends trop souvent, de partir dans l’idée que l’on va créer une énorme structure, qu’on va à peu près tout mettre dedans et qu’on va faire des économies ; nous sommes élus dans des collectivités locales, on connaît le truc. Quand on dit, on se réunit les uns et les autres, plus on sera gros, plus on fera des économies, à la fin, on se réunit, on ne rend pas de meilleur service et souvent en fonctionnement ça coûte plus cher. Donc, prenons les choses à l’endroit. C’est quoi les programmes, qu’est-ce qu’on met dedans, quelles sont les synergies qu’on trouve, comment on mutualise et à la fin seulement créons cette grande structure.
Nos interventions, celles des uns et des autres, prouvent que les pouvoirs publics ont un rôle essentiel à jouer dans les médias et dans l’industrie culturelle. Il nous appartient, avec les acteurs concernés, de regarder les choses en face, de faire preuve d’imagination et de bousculer les schémas établis.