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Claude Malhuret : Discours l'occasion de l'ouverture de la session de droit au Sénat

  • Photo du rédacteur: Les Indépendants
    Les Indépendants
  • 18 juil. 2024
  • 3 min de lecture

18 juillet 2024

Ouverture de la session de droit au Sénat



Monsieur le Président,

Mes chers Collègues,


Qui aurait pu imaginer une campagne électorale aussi rocambolesque ? Une majorité présidentielle suppliant le Président de se tenir à l’écart, un nouveau front populaire terrifié à chaque prise de parole de son dirigeant le plus médiatique, des républicains en guerre contre leur chef barricadé dans ses locaux après les avoir enfermés dehors.

Le spectacle continue. Depuis dix jours la gauche, en principe unie, somme le président de la République de lui livrer séance tenante les clés de Matignon sans parvenir à s’accorder pour lui proposer un seul nom.


Tout aussi ahurissants, mais plus inquiétants – Bruno Retailleau y faisait allusion tout à l’heure – sont les appels de l’extrême gauche à marcher sur Matignon, et ceux d’une CGT LFIsée à se rassembler devant l’Assemblée Nationale pour, je cite, la mettre sous surveillance. Je pose la question avec gravité. Que signifie dans une démocratie la mise sous surveillance de l’Assemblée par une foule attroupée devant ses murs ? La dernière fois que c’est arrivé en France, c’était le 6 février 34 et aux Etats-Unis le 6 janvier 2021. On connait le résultat.


J’en viens au fond. Pour la première fois sous la Vème république nous sommes dans une impasse digne de la quatrième. Notre devoir est de faire en sorte que cette impasse soit temporaire. Et ça ne va pas être facile.


D’abord parce que la Vème nous a habitués à nommer en un instant ses gouvernements, si bien qu’une situation banale chez nos voisins apparait chez nous comme angoissante.


Ensuite parce que, comme ailleurs, cette situation peut durer. Il faut du temps pour se parler et faire des compromis. Ils seront qualifiés de compromissions, par tous extrémistes et tous les virtuoses des réseaux anti-sociaux qui ne manqueront pas de confirmer leur rôle de plaie démocratique auprès d’une population qu’ils ont déjà largement contribué à rendre anti-parlementaire et défiante.


Enfin, la perspective de l’élection présidentielle n’incite personne, une fois n’est pas coutume, à rejoindre un gouvernement qui sera fragile à l’Assemblée et impopulaire du fait des contraintes de la dette et des décisions difficiles qu’elle impose.


Des trois blocs, le Rassemblement National, en forte progression, ne peut gouverner faute d’alliés. De toutes façons il ne le souhaite pas. Il attend son heure.


La gauche est piégée par le Nouveau Front Populaire qui lui a permis de sauver ses sièges mais l’a livrée à sa frange la plus radicale dont le but n’est pas de gouverner mais de rendre le pays ingouvernable. La stratégie du chaos à l’Assemblée et du chaos dans la rue se poursuivra pour permettre au sous-commandant Marcos de la Canebière, de plus en plus suffisant mais de moins en moins nécessaire, de figurer au deuxième tour de 2027. Son objectif immédiat est d’étouffer dans l’oeuf toute hypothèse d’un Premier Ministre issu des rangs de ses alliés. Si je peux me permettre un conseil à ces alliés : dans l’intérêt de la France comme dans le vôtre échappez-vous du syndrome de Stockholm qu’est devenu le NFP. Vous méritez mieux que d’être traités de punaises de lit.


Pas de Front national, pas de front populaire, la seule hypothèse possible est celle du front républicain. Elle suppose, comme chez nos voisins mais à rebours des traditions françaises, l’alliance de tous les démocrates, depuis la droite républicaine jusqu’à la gauche de gouvernement.


Elle sera difficile, lente, incertaine et provisoire. Elle suppose que des gens qui ont l’habitude de se combattre apprennent à se parler. Qu’ils résistent dans chaque camp aux extrêmes quand ils crieront à la trahison, et qu’ils aient le courage de s’en séparer. Qu’ils acceptent la tâche ingrate de se contenter de stabiliser un pays pour l’heure sans boussole, autour de mesures qui peuvent rassembler.


Contrairement à ce qu’on pouvait redouter, l’annonce d’un pacte d’action législative, autour duquel des discussions commencent, montre que le pire n’est jamais certain et que la sagesse a quelques chances de l’emporter.


Cette perspective n’est pour l’heure qu’un espoir ténu, une éventualité qui peut s’effondrer à la moindre bourrasque politique. Mais c’est la seule qui ait aujourd’hui une chance de se réaliser. Je ne doute pas qu’une majorité de notre assemblée défende le choix de la sagesse dans ce moment difficile. Notre groupe ne ménagera pas ses efforts pour y parvenir.

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