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Colette MÉLOT : Débat sur la réforme du baccalauréat

03 octobre 218


Débat sur la réforme du baccalauréat


Madame la présidente,

Monsieur le ministre,

Mes chers collègues,


Simplifier l’organisation d’un examen bicentenaire et mieux armer les bacheliers dans la perspective de leurs études est un objectif que nous ne pouvons que saluer, d’autant qu’il répond aux attentes de la plupart des acteurs du monde éducatif, favorables à une évolution de ce qui s’apparente aujourd’hui à un rite de passage.

L’examen reste la clef d’entrée vers le supérieur, mais la situation est paradoxale : les taux de réussite du baccalauréat frôlent les 90 %, alors que nombre de bacheliers échouent ensuite à l’université. Sa sélectivité est désormais remplacée par le jeu des mentions et des filières. La convoitée mention « Très bien » est le nouveau sésame pour franchir la porte des établissements les plus prestigieux. Il y a non plus un bac, mais des bacs. Aussi le baccalauréat, ce « quelque chose d’incroyablement antique » décrit par Sartre, mérite-t-il cette nouvelle réforme, positive en bien des points.

Monsieur le ministre, je souhaite aujourd’hui mettre l’accent sur le grand oral, qui remettra à l’honneur une capacité fondamentale, que chacun doit maîtriser au plus tôt : savoir s’exprimer en public de façon claire et intelligible. Cet oral dit « de maturité » sera préparé dès la classe de première et viendra valider la capacité du lycéen à mener un projet qui lui est propre et son aptitude à le vendre face à un jury. Les compétences recherchées répondent également aux besoins du marché du travail et de l’économie. Aujourd’hui, on attend du futur salarié non seulement qu’il soit apte à s’exprimer correctement en public, mais aussi qu’il soit capable de mener à bien une réalisation personnelle.

Toutefois, monsieur le ministre, et c’est l’objet de ma question, le futur grand oral du bac est une bonne initiative à condition d’y mettre les moyens : formation des enseignants aux techniques oratoires, heures spécifiques dédiées à leur apprentissage dans l’emploi du temps scolaire, valorisation de la parole de l’élève pendant les cours… J’y ajoute les dispositions relatives aux élèves qui présentent un handicap. Pouvez-vous donc nous décrire les moyens que vous comptez déployer pour que ce projet de grand oral soit véritablement républicain ?


Réponse Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale

Madame la sénatrice,

Je vous remercie de m’offrir l’occasion d’approfondir cette question, que j’ai brièvement évoquée tout à l’heure.

Un nouveau baccalauréat donne un signal à l’ensemble du système scolaire, dès la classe maternelle – j’insiste sur ce point –, avec un impact sur la conception des programmes et les recommandations pédagogiques.

Pour citer un exemple extrême, les Assises de l’école maternelle, qui se sont tenues voilà quelques mois, ont mis l’accent sur la confiance en soi et la capacité à s’exprimer dès l’école maternelle. C’est donc un signal que nous envoyons à tout le système scolaire.

D’ailleurs, ce signal vaut pour les disciplines en tant que telles, mais aussi pour l’ensemble des activités. Je pense à l’éducation artistique et culturelle, qui prend une dimension nouvelle. Voilà deux semaines, la ministre de la culture et moi-même avons annoncé notre stratégie en la matière. Cette stratégie a clairement identifié l’oral comme un élément essentiel, d’où l’accent mis, en particulier, sur les pratiques théâtrales.

J’ai annoncé, à cette occasion, que l’enseignement du français serait renforcé en classe de troisième, à hauteur d’une demi-heure supplémentaire. Il s’agit justement de consacrer plus de temps à l’entraînement à l’argumentation en classe de troisième. Cela permettra d’ailleurs de faire d’une pierre plusieurs coups, l’enseignement du français s’étant effiloché sur le plan quantitatif dans les classes de collège ces dernières années, comme beaucoup nous l’ont signalé.

Cette mesure s’accompagnera également d’une évolution des programmes, y compris de français, cette fois-ci au lycée. Nous attendons les nouveaux programmes pour la fin du mois d’octobre.

J’en profite pour dire qu’ils n’ont pas été pré-écrits par mes soins ! Au reste, imaginer que je puisse rédiger des centaines de pages en la matière serait présumer de mes capacités de travail… C’est presque un hommage rendu à ma personne ! La réécriture des programmes est le fruit d’un travail collectif, auquel plus de quatre cents personnes contribuent.

La réforme du baccalauréat est un signal envoyé sur les compétences nécessaires. C’est aussi un enjeu de justice sociale. On dit parfois que l’oral est discriminant socialement. Ceux qui l’affirment devraient souvent se montrer plus subtils, mais le fait est que, précisément parce que l’oral est éventuellement discriminant entre les élèves, il faut préparer les élèves, tout au long de leur scolarité, à être bons en la matière.

Interventions au Sénat

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