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Dany WATTEBLED : Débat - "Quelle perspective pour une pratique sportive populaire et accessible ?"

24 mars 2021


Débat sur le thème "Quelle perspective de reprise pour une pratique sportive populaire et accessible à tous ?"



Madame la Présidente,

Madame la Ministre,

Mes chers Collègues,


La pratique sportive est fortement fragilisée par la crise sanitaire. Le financement du sport professionnel, issu de la vente de billet et du sponsoring, est en chute libre tandis que le sport amateur connait une forte diminution du nombre de ses adhérents et surtout de ses bénévoles.


Pourtant, le sport est plus que jamais indispensable pour améliorer la santé physique et mentale des français. Nos habitudes sont bouleversées par les confinements et couvre-feu successifs et la sédentarité s’installe dans nos vies avec le télétravail.


Dans un tel contexte et à trois ans des jeux olympiques, ce débat sur l’accessibilité et sur la popularité de la pratique sportive arrive à point nommé.

Il s’agit d’une question essentielle tant la pratique sportive est un facteur déterminant de santé publique, d’intégration et de cohésion sociale.

Le premier objectif de la politique publique du sport pilotée par l’État dans le cadre de la nouvelle agence nationale devrait être l’accessibilité des lieux sportifs pour tous et la promotion du sport au quotidien.


La situation actuelle est préoccupante. Notre pays arrive en 119ème position en matière de respect des recommandations de l’OMS sur la pratique physique régulière des jeunes.


D’après l’agence nationale de sécurité sanitaire, une grande partie des adolescents français seraient en surpoids. Pour lutter contre la sédentarisation, il nous faut nécessairement renforcer la pratique sportive à l’école, d’autant plus que l’exercice physique améliore sensiblement les résultats scolaires. Or, sur trois heures hebdomadaires de sport dispensées dans les écoles, la Cour des comptes observe que seulement la moitié de ce temps est effectivement consacré à la pratique sportive. Et que dire de l’apprentissage de la natation par manque de structures ?


Des initiatives intéressantes sont menées à l’étranger, dans d’autres pays, notamment en Finlande. Favorisons les initiatives locales pour diffuser une culture du sport dès le plus jeune âge, dans le cadre scolaire ou périscolaire et gardons à l’esprit que ces temps extra-scolaires sont la plupart du temps consacrés à des activités sédentaires.


La lutte contre les dispenses de complaisance d’Education Physique et Sportive est un point important pour lutter contre la disparité d’accès aux pratiques sportives entre hommes et femmes, nous en débâterons prochainement en séance.


D’autre part, la pratique sportive est un élément important de la santé au travail. Nous pourrions utilement l’intégrer dans notre politique de prévention des affections et maladies professionnelles. Il me semble que les prochains débats sur la proposition de loi pour renforcer la prévention en santé au travail seront bénéfiques à ce sujet.


Autre rendez-vous législatif important, l’examen de la proposition de loi visant à démocratiser le sport sera l’occasion d’évoquer l’accessibilité des équipements sportifs des établissements scolaires au grand public, en dehors des heures de classes.


Nous devons également réfléchir à cette accessibilité de ces infrastructures pour les enfants scolarisés en famille. Le sport étant parfois le meilleur des remèdes, dans un prochain projet de loi de finances de la sécurité sociale, nous ne pourrons faire l’économie d’une réflexion sur la prise en charge par la solidarité nationale de séances d’activité sportive dans le traitement des affections de longue durée. Une expérimentation pourrait être menée à ce sujet.


La pratique sportive aurait également toute sa place dans nos politiques de prévention de la perte d’autonomie et dans l’offre d’accompagnement des personnes en Ehpad.


Enfin, la pratique sportive peut constituer un pas vers l’insertion en milieu carcéral, en lien bien sûr avec les éducateurs sportifs. Nous devons encourager ces initiatives, tout en renforçant notre vigilance pour prévenir des phénomènes de radicalisation qui s’étendent bien au-delà de l’univers carcéral et touchent le monde du sport à bien des niveaux.


Les auditions d’ailleurs menées par notre collègue Nathalie Delattre en janvier 2020 sur la radicalisation en milieu sportif sont édifiantes. La proximité entre certains clubs, le communautarisme et la radicalisation n’est plus à démontrer.


Et enfin, pour reprendre les recommandations du Conseil d’État, promouvoir la pratique du sport pour tous, nécessite avant tout d’instaurer un cadre de sécurisé et d’étendre les contrôles effectués par les services de l’État aux éducateurs sportifs.


Pour conclure, cette pratique du sport, la politique du sport irrigue l’ensemble de l’action publique, de la santé à la cohésion nationale. Les prochaines échéances législatives seront autant d’occasions de renforcer l’accès pour tous au sport, dans les meilleures conditions possibles.


Avant d’être la recherche de performances et de victoires, le sport est avant tout une école de la volonté, de la confiance et du vivre-ensemble. Pour toutes ces raisons, nous espérons que la reprise des activités sportives en milieu intérieur est imminente, avec des protocoles sanitaires adaptés aux différentes pratiques. Nous serons particulièrement attentifs au développement de la pratique sportive dans le cadre scolaire. Il faut animer le sport et surtout le faire vivre.


Interventions au Sénat

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