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Franck MENONVILLE : Débat - "Compétitivité : une urgence pour redresser la ferme France"

07 février 2023


Débat sur les conclusions du rapport "Compétitivité : une urgence pour redresser la ferme France"


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Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Mes chers Collègues,


Notre agriculture façonne le paysage français, elle fait partie de notre ADN national. Elle est aussi la base de notre patrimoine culinaire avec ses fromages, ses cultures, ses viandes, ses vins, ses terroirs et sa diversité.


Mais le constat pour notre agriculture française devient préoccupant. Notre collègue Laurent Duplomb dans son rapport de 2019 mettait déjà en évidence le déclin de notre agriculture.

Force est de constater que rien n’a changé, la crise actuelle a même renforcé certaines difficultés notamment dans l’élevage.

Notre production stagne voire recule dans certains secteurs depuis 1990. Nous sommes le pays qui connait la plus forte baisse de part de marché depuis 2000.

Notre compétitivité s’effrite. Nous perdons donc des parts de marché à l’export.

En parallèle, nos importations progressent. Elles ont plus que doublé en 20 ans et nous importons aujourd’hui, 63 milliards d’euros de denrées alimentaires.


Pourtant, notre agriculture dispose d’un potentiel incontestable. En effet, la France est le principal producteur européen, loin devant l’Italie et l’Allemagne. Nous ne pouvons donc pas nous satisfaire d’une telle évolution. Il est urgent d’agir.


Et je salue véritablement le travail de nos trois rapporteurs qui pointent la baisse de compétitivité liée aux 4 constats effectués. Ce travail essentiel et pertinent met en avant, en s’illustrant de la réalité de 5 filières et fait 24 propositions.

La période actuelle nous oblige à réaffirmer notre souveraineté alimentaire. Nous devons agir rapidement, car notre autonomie alimentaire est mise en péril.


A titre personnel – et ça a été évoqué par notre collègue, Madame GACQUERRE – je pense que la stratégie du « montée en gamme » prônée notamment par le Président de la République dans son discours de Rungis, ne peut définir à elle seule notre futur agricole. Nous devons être présents sur tous les créneaux, toutes les gammes, le haut de gamme mais également l’entrée de gamme pour répondre aux attentes de tous les consommateurs. L’augmentation des importations sur certains produits et le recul du bio sont des signes plutôt clairs. Cette tendance s’est d’ailleurs accrue depuis la crise ukrainienne.


Après la lecture du rapport, j’ai choisi de mettre en lumière un problème qui a été très bien identifié. Celui des surtranspositions trop nombreuses et des lois franco-françaises trop strictes.

A titre d’exemple, 454 substances actives sont autorisées au sein de l’Union Européenne, alors que la France n’en autorise que 309.

Nous ne pouvons pas nous imposer des règles que nos voisins ne s’imposent pas eux-mêmes.

Nous devons imposer à nos frontières ce que nous exigeons de nos agriculteurs.

Nous devons donc poursuivre notre harmonisation européenne pour éviter la concurrence intra et extra européenne qui nous pénalise. C’est pourquoi, il me semble que la recommandation numéro 2 de ce rapport est très intéressante : pour donner corps au principe « Stop aux surtranspositions » grâce à une mission qui pourrait être donnée au Conseil d’État.


L’exemple de la filière betteravière illustre bien ce sujet.

Un arrêt de la Cour Européenne de Justice vient d’interdire la dérogation concernant les néonicotinoïdes.

La filière est aujourd’hui dans une impasse technique pour lutter contre les pucerons verts et la jaunisse. Je rappelle que la France est le premier producteur de sucre de l’Union Européenne.

Cet exemple met en évidence une nouvelle fois la mise en péril de notre souveraineté par des législations mal adaptées aux réalités des territoires.

Il est absolument indispensable de mener préalablement des études d’impact et de s’assurer qu’il existe des solutions alternatives pour éviter toutes les impasses techniques qui fragilisent durablement les filières.


Monsieur le Ministre, nous connaissons votre engagement, vous n’êtes bien sûr pas comptable de cette situation dégradée. Il faut donner à nos agriculteurs les moyens de la performance et de la compétitivité et nous serons à vos côtés pour remplir cet objectif.

Ne faisons pas de notre agriculture ce que nous avons fait de notre industrie. Il est urgent d’agir !


Les agriculteurs français sont motivés, passionnés, ils aiment leur métier mais les surcharges administratives et les complexités de nos politiques publiques freinent l’attractivité de la profession. Il est important de leur redonner du sens et des perspectives pour que de nombreux jeunes veuillent s’investir et s’installer dans ce merveilleux métier.


Monsieur le Ministre, comment comptez-vous utiliser les recommandations de ce rapport transpartisan comme base de travail pour l’élaboration du Pacte et de la loi agricole ?

Interventions au Sénat

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