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Franck MENONVILLE : Pré-débat au Conseil Européen des 18 et 19 Juin 2020

11 juin 2020


Débat préalable au Conseil Européen des 18 et 19 Juin 2020

Monsieur le Président,

Madame la Ministre,

Le Conseil européen qui nous attend marquera sans doute une étape cruciale dans la construction européenne. C’est en effet en période de crise, et souvent au pied du mur, que l’Europe avance et se construit. Comme nous avons pu le voir au cours des dernières décennies.

L’Union européenne a régulièrement su relever des défis. Force est de constater qu’aujourd’hui ils sont particulièrement nombreux, mais pas insurmontables si nous parvenons à demeurer unis et notamment je pense sur le dossier du Brexit, qui mobilise nos énergies depuis plusieurs mois ; j’y reviendrai un peu plus tard et qui a engendré des questionnements légitimes sur la direction de l’Union, et surtout sur un budget sur lequel les Etats membres peinent encore à s’accorder.

L’Europe nous étonne disait, il y a quelques instants, André Gattolin. En effet, je crois que le projet présenté le 27 mai dernier prévoit de mobiliser 750 milliards d’euros pour faire repartir l’économie européenne confrontée à la pire récession de son histoire et pour relancer la construction européenne. Ce projet d’une ampleur incomparable, s’il est validé, sera un grand plan de relance jamais porté par l’Europe.

Ces 750 milliards viennent s’ajouter aux 540 milliards des trois filets de sécurité soit un effort de plus de 1 300 milliards d’euros. C’est absolument essentiel et c’est là vraiment un signe absolument positif.

Mais au-delà des chiffres, je veux souligner que l’Union européenne pourrait pour la première fois aussi emprunter collectivement sur les marchés et vous avez, effectivement éclairci la vision que nous pouvions avoir de l’échéancier de remboursement.

Malheureusement, la crise n’a pas effacé les dissensions entre les pays européens sur la question budgétaire. Elle l’a même exacerbée. Les tensions sont palpables, les visions sont parfois opposées. Cependant, la solidarité et la recherche de compromis existent en Europe et doit demeurer. Elle est vitale et passera par la mutualisation des dettes, limitée et temporaire, en plus d’être nécessaire. Aucun pays ne pourra sortir seul de cette crise. En effet, il en dépendra de notre capacité collective à sortir de la crise, et être en mesure de compter dans le monde auprès des grands ensembles qui se constitue.

Nous soutenons donc les ambitions de ce nouveau paquet vert européen, une politique numérique efficace et juste, des règles de concurrence nécessairement réformées – vous l’avez évoqué - une politique de cohésion qui demeure et une PAC forte, modernisée et financée.

Toutes ces politiques constituent donc les conditions de notre transition économique plus verte plus numérique et plus stratégique.

Je voudrais peut-être, très rapidement, concernant la PAC : les dernières annonces de la Commission européenne me semblent particulièrement déconnectées des grands enjeux de souveraineté alimentaire. Le Président le disait dans son propos introductif et a évoqué le risque d’une vision décroissante. Je dirai même que ces propositions sont à contre-courant des autres politiques mises en place au sein des grandes puissances mondiales. Ne faisons pas de notre agriculture ce que nous avons fait de notre industrie.

Et pour cela, nous soutenons aussi une véritable souveraineté européenne sur les secteurs stratégiques, notamment industriels. Pour protéger nos entreprises stratégiques au niveau européen, il est important et vous l’avez dit, la France est en pointe sur ces initiatives pour renforcer les mécanismes de contrôle et de filtrage des investissements étrangers. Vous l’avez évoqué, peut-être pourriez-vous nous préciser votre vision des secteurs stratégiques ?

Et enfin, en conclusion, j’évoquerais le Brexit pour rappeler que l’unité là aussi est primordiale. A ce titre, je tenais vraiment à saluer l’important travail de Michel Barnier et de ses équipes, même si nous sommes particulièrement inquiets des revirements permanents des Britanniques qui vont même jusqu’à altérer le flegme et la patience de notre négociateur Barnier.

Madame la Ministre, pouvez-vous peut-être nous dire que seront les impacts de la crise actuelle sur le Brexit et peut-être aussi nous repréciser les lignes rouges concernant le plan de relance et les visions françaises et les concessions possibles aux pays qui aujourd’hui y sont réticents ?

Merci Madame la Ministre.


Interventions au Sénat

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