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Laure Darcos : PPR invitant le Gouvernement à ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale

17 janvier 2024

Proposition de résolution invitant le Gouvernement à ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale



Madame la Présidente,

Madame la Ministre,

Mes chers collègues,

 

Le suicide est l’une des premières causes de mortalité chez les 15-24 ans. Entre 2020 et 2021, une explosion des syndromes dépressifs a été observée chez les jeunes, ainsi qu’une augmentation des tentatives de suicides, notamment chez les moins de 15 ans.

 

Nous ne pouvons pas accepter que des personnes à l’aube de leur vie en arrivent à perdre, à ce point, toute confiance en l’avenir. Bien sûr, la crise sanitaire a eu un impact désastreux sur l’équilibre psychologique des jeunes, et ses conséquences sont encore bien réelles aujourd’hui, avec la multiplication des addictions liées au manque de perspectives, au stress ou au désespoir.

 

Cependant, il serait imprudent de justifier les difficultés de la jeunesse par la seule persistance des effets des confinements successifs et de la désocialisation qui en est résultée.

 

Les causes de la dégradation de leur état de santé psychique sont multiples, complexes et s’enchevêtrent parfois.

 

Le passage à l’adolescence peut être une période particulièrement difficile et cette longue période de transition vers l’âge adulte peut sembler insurmontable pour certains d’entre eux.

 

Les violences intrafamiliales, qui ont explosé durant la crise sanitaire, ont aussi eu un rôle prépondérant dans l’évolution de la santé psychique des jeunes. Que l’enfant en soit victime directement ou indirectement, elles représentent un traumatisme qui aura de très lourdes répercutions sur sa vie et sur son équilibre.

 

C’est un sujet qui me tient à cœur et sur lequel j’avais eu l’occasion de travailler dans le cadre d’un rapport d’information réalisé par la Délégation aux droits des femmes.

 

Je voudrais par ailleurs mentionner la précarité des étudiants, dont nous avons débattu il y a quelques semaines encore, lors de l’examen de la proposition de loi sur l’allocation autonomie universelle d’études.

 

Le nombre croissant et alarmant d’étudiants ayant recours à l’aide alimentaire ne peut nous laisser indifférents. La précarité, qui mène souvent à l’isolement, est un facteur indéniable de troubles psychologiques.

 

Je veux aussi rappeler l’impact des réseaux sociaux, dont la nocivité n’est plus à démontrer, depuis l’avènement des smartphones qui permettent aux jeunes d’être connectés en permanence.

 

Toutes les études sur le sujet l’attestent : plus un jeune passe de temps sur ces applications, plus les conséquences délétères sur sa santé mentale sont importantes.

 

Il faut enfin citer le harcèlement scolaire, lourdement aggravé par les réseaux sociaux, dont 800 000 à 1 million d’enfants sont victimes chaque année. Notre Groupe est d’ailleurs très investi sur ce sujet ; notre ancienne collègue Colette Mélot avait publié un excellent rapport sur ce sujet en 2021.

 

J’espère que la Ministre de l’Education nationale nouvellement nommée saura poursuivre ce combat prioritaire afin que nous n’ayons plus à déplorer de suicides liés au harcèlement scolaire, qui sont des drames épouvantables.

 

L’école a un rôle majeur à jouer dans la détection des altérations de la santé mentale chez les jeunes. Plus les troubles sont détectés tôt, plus les chances de guérison augmentent.

 

Cependant, la médecine scolaire est en très grande difficulté. Le nombre de médecins scolaires a baissé de 20 % en dix ans et seuls 20% des élèves ont eu accès à la visite médicale obligatoire de la 6ème année, selon un récent rapport d’information de l’Assemblée nationale.

 

La détection des troubles relatifs à la santé mentale n’est pas à la hauteur des enjeux et le risque est qu’un certain nombre d’enfants et d’adolescents ayant échappé aux actions de prévention se retrouvent dans un parcours de soins psychiatriques quelques années plus tard.

 

Le Gouvernement nous explique que les moyens ne manquent pas, que les postes existent mais ne sont pas pourvus, avec un taux de couverture d’à peine 50 %.

 

Cependant, derrière un problème d’attractivité se cache toujours une question de revalorisation de la fonction, même s’il faut admettre que le manque de médecins concerne effectivement la majeure partie du territoire et pas seulement la santé scolaire.

 

Nous devons malheureusement faire le même constat pour la psychiatrie des enfants et des adolescents, dont la situation est particulièrement alarmante.

 

Chaque année, dans son rapport, le Défenseur des droits dénonce l’insuffisance du nombre de places, avec des enfants qui se retrouvent parfois hospitalisés avec des adultes et dans les mêmes conditions que ces derniers. Et ce, quand ils parviennent à être hospitalisés.

 

L’Essonne n’est pas épargnée par la désertification médicale. Le manque de personnels en secteur psychiatrique est criant, comme me l’a confirmé le chef de pôle Psychiatrie de Groupe hospitalier Nord-Essonne.

 

Allouer des moyens supplémentaires à la prise en charge au long cours des jeunes est indispensable. Cela passe par le recrutement de médecins, y compris étrangers, d’infirmiers formés en psychiatrie et de psychologues, mais aussi par la nécessité de favoriser l’internat dans la discipline et de rendre le métier plus attractif. En un mot, redonner du sens.

 

La prise en charge en psychiatrie infanto-juvénile est également une des missions de l’établissement public de santé Barthélémy Durand en Essonne. Celui-ci offre un ensemble de structures de soins réparties territorialement permettant d’articuler actions de prévention et actes de soins au plus près de l'environnement familial et social des personnes.


Pour conclure, je voudrais rappeler que nos enfants méritent que l’on traite les causes, autant que leurs symptômes.

 

La santé mentale des jeunes reste le parent pauvre de notre politique de santé et les nombreux rapports sénatoriaux sur le sujet n’ont guère été suivis d’effets.

 

Nous le déplorons, en espérant que cette PPR sera prise en considération et donnera lieu, enfin, à des mesures concrètes.

 

Le groupe Les Indépendants votera en faveur de ce texte.

 

Je vous remercie.


SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

 

Interventions au Sénat

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