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Laure Darcos : Équité et transparence de Parcoursup à la frontière du lycée et de l’enseignement supérieur

06 mars 2024

Débat sur le thème : « Équité et transparence de Parcoursup à la frontière du lycée et de l’enseignement supérieur »



Madame la Présidente,

Madame la Ministre,

Mes chers Collègues,

 

À huit jours de la clôture des inscriptions sur la plateforme Parcoursup, débattre sur l’équité et la transparence de cette procédure d’admission en 1ère année dans l’enseignement supérieur prend tout son sens.


Force est de constater que depuis sa création en 2018, Parcoursup n’est pas parvenu à susciter totalement la confiance des élèves et de leurs parents : ce dispositif fait l’objet de critiques récurrentes portant notamment sur l’opacité des modalités de classement et sur un manque d’équité.


Or, sans confiance, il ne peut y avoir d’adhésion.


Toutefois, cette défiance repose en partie sur des appréciations infondées.


Contrairement à l’imaginaire collectif, Parcoursup n’examine pas les candidatures des futurs étudiants et ne procède à aucun classement.


Ce rôle incombe aux établissements d’enseignement supérieur et aux commissions d’examen des vœux, dont les jurys sont souverains et les délibérations confidentielles, comme l’a confirmé le Conseil constitutionnel.


L’indépendance des jurys et l’autorité de leurs décisions est sans conséquence sur la qualité du processus de sélection.


Bien entendu, la procédure est perfectible et elle doit encore gagner en lisibilité et en transparence, ce qu’ils reconnaissent volontiers. J’ajoute qu’elle doit aussi gagner en rapidité. Car la longueur de la procédure et l’incertitude qu’elles génèrent, accroissent la défiance vis-à-vis de ceux qui prennent la décision d’admettre ou non un élève dans la filière de formation qu’il a choisie.


Les établissements du supérieur sont d’autant plus incités à parfaire leur processus décisionnel que ce manque de transparence a été souligné à plusieurs reprises par le Défenseur des droits, la Cour des Comptes … mais également l’Inspection générale de l’Education nationale et le Comité éthique et scientifique de Parcoursup !


Aujourd’hui encore, les élèves ne savent pas toujours selon quels critères leur dossier va être examiné et quelle est la pondération appliquée à ces critères. Aucune information n’est donnée sur les éléments de notation utilisés par les commissions d’examen des vœux.


Dans ce contexte, il me semble extrêmement important que la fiche « Avenir » renseignée par les lycées soit le plus précise possible comme me l’ont suggéré plusieurs Présidents d’Université.


Cette fiche « Avenir » est particulièrement importante car elle comporte des appréciations pour chaque vœu formulé par le lycéen pour la phase principale. Le chef d’établissement doit émettre un avis portant aussi bien sur la cohérence du projet d'orientation que sur la capacité à réussir. Ainsi, elle permet de mieux cerner l’élève et peut réellement faire la différence au moment du classement des candidats.


Par ailleurs, nous pouvons légitimement nous interroger sur l’impact des algorithmes dans l’étude des demandes d’admission.


Nous savons qu’au sein des universités, il existe un recours systématique à un algorithme de pré-classement.


Dès lors que le traitement informatique est prédominant, comment Parcoursup procède-t-il pour mesurer le mérite ? Quelle est la place des personnes en charge de la sélection au sein des établissements supérieurs ? Les algorithmes ne doivent pas remplacer l’humain et l’opacité doit être absolument levée !


L’autre point sur lequel il est pertinent que nous nous interrogions est l’équité : dans quelle mesure est-elle garantie dans le processus de Parcoursup ?


A cet égard, les failles du dispositif foisonnent. Ainsi, des élèves dont les résultats scolaires relèvent de l’excellence ne parviennent pas à obtenir les formations souhaitées.


Par ailleurs, la capacité des parents à s’investir dans la procédure Parcoursup semble constituer un élément prépondérant dans le succès de l’élève.


Certains parents de catégories socio-professionnelles élevées, avec de nombreux centres d’intérêts et activités extra-scolaires, peuvent peser davantage sur les perspectives d’études de leurs enfants et sur la construction de leur projet d’orientation.


A contrario, d’autres parents, manquant de ressources ou moins impliqués, ne sont pas en mesure d’aider leurs enfants à élaborer des profils aussi complets. Des inégalités se forment et s’accentuent ainsi entre les élèves qui peuvent être accompagnés par leurs parents et ceux qui ne le peuvent pas.


Quant aux enseignants, ils en arrivent à ajuster les dossiers scolaires afin de donner le maximum de chances de réussite…


Un autre point mérite d’être relevé : les distorsions d’évaluation que la plateforme ne semble pas être en mesure de pondérer, créant de véritables iniquités. Cela conduit certains parents à inscrire leurs enfants dans des lycées publics en terminale, après une scolarité dans le privé.


Il est évident qu’une procédure plus équitable devrait être adoptée, basée sur les qualités réelles de l’élève, ses compétences académiques et son mérite, plutôt que sur ses engagements extra-scolaires souvent largement exagérés.


Le Sénat s’est saisi de ce sujet en juin dernier, en dressant un état des lieux du fonctionnement de la plateforme numérique. Notre collègue Jacques Grosperrin, dans son rapport d’information, a formulé huit recommandations qui pourraient remédier aux failles de Parcoursup.


Madame la Ministre,


Si des améliorations ont été apportées à la procédure Parcoursup depuis sa création, de nombreux dysfonctionnements demeurent.


Quelle traduction allez-vous donner aux recommandations émises par le rapporteur Grosperrin ? Comment entendez-vous, in fine, redonner confiance aux élèves et aux parents ?


Je vous remercie.


SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI.

Interventions au Sénat

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