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Vincent Louault : Souveraineté énergétique de la France

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    Les Indépendants
  • 6 mai
  • 6 min de lecture

6 mai 2025


Déclaration du Gouvernement, suivie d’un débat, en application de l'article 50-1 de la Constitution, portant sur la souveraineté énergétique de la France.



Monsieur le Président,

Monsieur le Premier ministre,

Mesdames et Messieurs les Ministres,


"L'énergie est au cœur du combat existentiel qui mène notre pays et notre continent européen." Vous le disiez, Monsieur le Premier Ministre, et je me permets de vous répondre et d'abonder dans ce sens.


Depuis des mois, nous alertons, avec mes collègues parlementaires, des experts et des anciens des filières électriques et de réseaux, pour rien. Rien ne bouge.


Personne ne veut nous entendre. Les technocrates sont apparemment plus puissants que les politiques au Royaume de France.


Néanmoins, certaines fenêtres semblent s'entrouvrir. Nous sommes le 6 mai, et ce décret n'est toujours pas signé, et je vous en remercie.


Ce n'était pas évident pour tout le monde. Je vous remercie pour l'écoute que j'ai eue chez vous à Matignon, ainsi de celle des conseillers de l'Elysée.


Enfin, je vous remercie pour ce début de rectification, cette trajectoire sur les ENR intermittentes, et vous m'avez rassuré il y a quelques minutes sur le nucléaire.


Il est temps, car l'attente est mortifère pour toute notre économie. L'absence de vision et de stratégie tue notre économie. Bref, nos industriels attendent de connaître une trajectoire de prix politique, non pas celle des marchés et des traders et d'un monde inconnu sans lendemain.


Les électrons, ils en ont besoin 365 jours par an, 24 heures sur 24, à un prix proche de ceux des autres continents. Car la différence avec le pétrole, c'est qu'il n'y a pas de cours mondial de l'électricité.


C'est peu transportable et peu stockable. Il nous faut aujourd'hui rebâtir donc ce qui a été sabordé. Sabordé d'abord par les antinucléaires comme Madame Voynet qui va jusqu'à vous demander de l'inviter à votre table pour vous expliquer sa position parce que seule elle a tout compris bien sûr.


Sabordé aussi par d'autres antinucléaires plus subtils mais souvent faibles sur le sujet. Et ils sont parfois encore là.


Alors ma foi, Monsieur le Premier ministre, j'ai l'espoir avec vous de retrouver enfin un peu de bon sens, j'irai pas jusqu'à dire paysan, sur cette PPE. Un, la feuille de route, cette PPE, c'est la feuille de route finale des lobbyistes des ENR, sans véritable décarbonation. Deux, c'est aussi l'aboutissement de ceux qui au final prônent la décroissance.

À se demander si l'objectif visé n'est pas la révolte tant les factures d'électricité augmenteront avec cette politique. Trois, c'est produire des électrons intermittents alors que nous avons déjà assez d'électricité et que l'évolution de la consommation promise n'arrive pas. Et quatrième point, cette cible complètement ratée de la PPE, c'est bien la cible de la décarbonation nécessaire de nos usages, et là, c'est le néant.


Pour faire court, nous doublons nos capacités de production d'électricité intermittente, en priant pour que cela se passe bien, et en même temps, nous devons garantir la stabilité grâce à l'inertie de notre nucléaire et notre précieuse hydroélectricité.


Je ne comprends pas, on marche quand même un peu sur la tête.


Alors tout ça pour un pognon de dingue que tout le monde nous a plus ou moins caché, aveuglé par la hausse inédite et artificielle de l'électricité depuis quelques années. Nos têtes bien pensantes ont malheureusement fait une erreur majeure, celle de croire que l'électricité resterait éternellement à plus de 100 euros le mégawatt-heure.


Exactement comme de simples paysans lorsqu'ils voient le prix du blé exploser et qu'ils imaginent qu'il restera toujours aussi haut. Exactement pareil.


À ce prix-là, toutes les énergies, tous les électrons, même les plus farfelus, deviennent rentables.


Et ce, alors que les autres continents se donnent des vrais moyens d'avoir un prix objectif d'électricité à moins de 50 euros le mégawatt-heure, tandis que nous resterons à un prix très haut.


Alors la conséquence d'un objectif nécessaire de prix bas, c'est l'augmentation des charges de services publics de l'énergie qui nous coûteront, Monsieur le Premier ministre, 12 milliards en 2035. Je vous invite à aller voir, c'est page 134 de la PPE, je voulais la ramener mais je me suis dit que le dossier était un peu lourd.


12 milliards, Monsieur le Rapporteur général du budget alors qu'il va falloir trouver 40 milliards dans les prochains mois.

12 milliards, c'est le prix d'un EPR et là je parle à Monsieur le président d'EDF, Monsieur Fontana, qui doit nous écouter.

12 milliards, c'est aussi presque 400 euros sur chaque compteur de France.


Pour chaque famille, tous les ans, dépensés dans l'intermittence de notre énergie. Et 12 milliards, Monsieur le Ministre de l'Industrie, imaginez ce que vous pourrez faire avec 12 milliards pour décarboner notre industrie.


Ainsi, je vous demande, une fois encore, ici au Sénat, devant les Français, de stopper solennellement cette PPE intermittente folle, basée sur deux mensonges.


Mensonges sur ses capacités à avoir des prix bas. Vous l'avez dit, mais le dernier marché de la CRE sur l'éolien en mer atterrit à 87-90€ le MWh sans une partie de la connexion qui est estimée à 20€ le MWh.


Mensonge sur la capacité à préserver une industrie naissante ou plutôt une pseudo-industrie logistique en France. Nous allons agrandir un port, une chaîne de montage avec des turbines qui viennent intégralement pour les derniers marchés de Corée du Sud, des mâts qui sont allemands et des panneaux photovoltaïques bien chinois.


Et j'ai bien noté, oui au Havre, c'est une usine de pales d'éoliennes, il n'y a surtout pas de moteurs, on les assemble, mais c'est du mikado, c'est en aucun cas de la vraie industrie, comme on l'entend dans le nucléaire.


Alors, nous sommes sur le point d'acter, Monsieur le Rapporteur, 10 milliards de dépenses annuelles pour rien. Commençons donc peut-être à faire des économies, mais on en reparlera dans le budget, parce que moi, la ligne 320 de la DGEC, je ne l'ai pas oubliée.


Alors j'entends les éléments de langage, les fameux EDL intégralement dictés par la DGEC, je viens d'en parler, répétés à l'infini, je pense à l'épée de Damoclès de la date de 2038, cette fable où si nous ne produisons pas assez d'énergie renouvelable à cette date, nous encourons un risque de pénurie d'électricité puisque les EPR ne seront pas encore là.


On oublie quand même une petite chose, et ce qui est scientifique, c'est que les cuves de nos centrales nucléaires, la seule partie qui ne peut pas être changée sur une centrale nucléaire, cette cuve, la durée de vie augmente. Donc, sans aucun problème, on peut imaginer 60, 70, pour finir à 80 ans. Et ça, ça sera scientifique. L'ASRN nous le dira le moment venu. Je vous rappelle ce point historique. C'est bien l'excellence de nos ingénieurs pour la construction de nos barrages hydrauliques à la sortie de la guerre qui ont permis la construction du programme nucléaire Messmer jusque dans les années 90. C'est bien le gap des deux. Depuis 90, on n'a plus rien fait.


Alors aujourd'hui, Monsieur le Premier ministre, l'enjeu, c'est de créer notre outil industriel nucléaire, c'est là la vraie réindustrialisation. Et en l'état actuel, nous allons plutôt payer trois fois avec cette PPE.


Une fois pour augmenter les capacités des intermittents, via le budget de l'État, je vous ai dit, 12 milliards en 2035. Une deuxième fois pour investir dans le nucléaire, parce qu'il faut garder la stabilité de tout ça, surtout quand il n'y a pas de vent, pas de soleil, je vous laisse le penser, donc il faut payer une deuxième fois, 100 milliards. Et une troisième fois, enfin, pour payer des subventions, parce que comme le prix de l'électricité va monter, il faudra à la fin payer des subventions pour garder notre économie vivante dans un monde où les Chinois et les Américains font de l'électricité à 30 dollars le mégawatt.


Alors maintenant, ce que je vous demande, c'est de ne rien céder et d'être fort. Fort pour prescrire un moratoire sur tout projet d'ENR. Pourquoi je dis un moratoire ? Parce que nous avons déjà 30 gigawatts en attente à la CRE, la moitié de la puissance nucléaire de ce pays. Alors la modération, comme vous l'avez dit tout à l'heure, ils me font peur à la CRE parce que c'est prêt à être lancé. Fort pour appliquer les mêmes règles pour l'éolien et le photovoltaïque, produire, oui, mais pour de l'autoconsommation, avec des clients en face, avec un schéma économique viable. Fort pour que tous participent aux équilibres du réseau et assument leur surproduction, autrement on finira comme les Espagnols. Fort pour faire de la décarbonation de nos usages le seul objectif, Monsieur le Ministre.


Vous aviez raison, l'énergie est au cœur du combat existentiel que mène notre pays, notre continent européen. Mais si cette PPE n'est pas lourdement modifiée, alors le combat ne servira à rien et la guerre sera perdue d'avance.

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