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Colette MELOT : Débat sur le thème "Après un an d'application, bilan et évaluation de Parcoursup"

16 janvier 2019


Débat sur le thème "Après un an d'application, bilan et évaluation de Parcoursup"

Madame la Ministre,

Chers Collègues,

La loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants a opéré une refonte salvatrice du système éducatif. Près d’un an après son adoption, nous voilà de nouveau réunis pour débattre cette fois du bilan et des nouvelles perspectives offertes par la plateforme d’orientation Parcoursup, née des cendres d’APB.

Nous savons que le chemin qui part de la réussite du lycée, vers l’enseignement supérieur puis, vers la vie active est parfois semé d’embuches : manque d’information, autocensure, freins à la mobilité, manque de réseau sur lequel s’appuyer, manque de moyens économiques… Cette nouvelle plateforme permet de répondre, en partie, à ces difficultés d’accès à l’enseignement supérieur.

Il n’était évidemment pas acceptable de laisser l’orientation des étudiants entre les mains du hasard ni de laisser la sélection par l’échec régir l’entrée d’un étudiant à l’université ! Le fonctionnement de l’intelligence artificielle sur laquelle s’appuie le fonctionnement de Parcoursup a été éprouvé aux États-Unis, en Allemagne, en Israël et au Chili, pays qui utilisent ce même algorithme depuis plusieurs années déjà pour orienter leurs étudiants. La publication du code en open- source donne déjà lieu à des propositions d’améliorations venant du grand public contribuant à rendre le système plus intelligent, plus rapide, plus juste ; certaines formations numériques l’utilisent en exemple, c’est dire le succès de l’application et son potentiel !

Après un an de fonctionnement, Parcoursup ne semble pas présenter de dysfonctionnements notoires, mais quelques ajustements devraient être mis en œuvre pour la prochaine session qui démarre le 22 janvier prochain :

- Le principal reproche que l’on pourrait faire porte sur la lenteur du processus, facteur d’incertitudes et de stress pour les élèves et leur famille. Nous savons, Madame la Ministre, que des efforts seront entrepris dès la prochaine session pour accélérer la procédure, qui sera close cette année dès le 19 juillet. En corollaire, les délais de réflexion seront réduits à 5 jours au lieu de 7 pour valider les vœux, puis à 3 jours au lieu de 5 à partir du 20 mai.

- Plus finement, certains paramétrages seraient à revoir, par exemple la prise en compte d’une année d’étude à l’étranger comme une année de redoublement.

Si le logiciel répond de façon satisfaisante à la mission que le Parlement et le Gouvernement lui ont confié, un débat plus profond reste latent, celui de l’égalité des chances en fonction du territoire d’origine. La jeunesse issue de la France périphérique, sa difficile émancipation, est trop souvent restée dans l’angle mort de l’action publique.

D’un côté nous souhaitons l’égalité des chances, favoriser la mobilité des étudiants quelques soient leurs origines sociale et géographique, de l’autre nous instaurons des quotas de mobilité clairement désavantageux, voire ségrégatifs, selon les

académies d’origine. L’ancienne plateforme APB fonctionnait sur le même principe que la carte scolaire. Si Parcoursup autorise les changements d’académie, c’est déjà un progrès qui mérite d’être souligné, un taux minimum de 85 % de candidats du secteur est appliqué dans l’algorithme, rétrogradant dans le classement les candidats hors secteurs.

Nous nous interrogeons sur le bien-fondé de cette priorité académique instaurée par Parcoursup. Elle nous semble aller à l’encontre des principes d’ouverture, de mobilité et de liberté de choisir son avenir professionnel prônés par le Gouvernement.

L’ambition de Parcoursup est de contribuer efficacement à l’information, à l’orientation et à la réussite des élèves, et non

de restreindre leur liberté de mouvement. Instaurer des quotas géographiques, c’est contribuer à l’isolement et à l’autocensure des jeunes issus des petites villes et des campagnes. L’injustice sociale n’est pas uniquement dans les banlieues, elle est aussi au cœur de cette France invisible dont on ne parle pas, qui vit au-delà des remparts des grandes métropoles.

Madame la Ministre, chaque élève doit être en mesure de choisir librement son avenir, choisir de rester ou de partir, et cela dans les meilleures conditions possibles. Quelles actions concrètes proposez-vous pour lutter contre les inégalités territoriales d’accès à l’enseignement supérieur ?


Interventions au Sénat

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