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Emmanuel CAPUS : PJL de Finances pour 2020 - Défense

02 décembre 2019


Projet de loi de finances pour 2020

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Mesdames et Messieurs les Rapporteurs,

Mes chers collègues,


Plus de 30 000 soldats sont déployés dans le monde pour défendre la France et ses intérêts. Plusieurs milliers d’entre eux sont engagés dans les opérations extérieures menées par la France. L’opération Chammal, qui participe à la lutte contre les djihadistes au Levant, est menée par un millier de nos soldats.


Au Sahel, ce sont 4 500 militaires qui sont déployés dans le cadre de l’opération Barkhane. 13 d’entre eux ont péri au cours de l’opération du 25 novembre dernier. La Nation leur a rendu hommage cette après-midi. Je veux à nouveau saluer ici leur courage et leur dévouement.


Les crédits que nous examinons sont essentiels à l’action de la France. Ils définissent nos ressources en hommes et en machines. Nous saluons l’augmentation de ces crédits, qui est conforme à ce que prévoit la loi de programmation militaire.


Ces augmentations, prévues par la loi de programmation, étaient nécessaires, et même indispensables. Cela faisait trop longtemps que nous ne faisions pas l’effort suffisant d’entretenir nos forces.


A l’heure où l’Europe est de plus en plus seule pour assurer sa défense ; la France, qui est l’un des piliers de cette défense, doit conserver une armée complète opérationnelle.


Après le Brexit, l’Union verra partir l’autre pilier de la défense du continent, le Royaume-Uni. Ce dernier devrait néanmoins continuer à contribuer à la défense de l’Europe, mais il est à craindre que le niveau de coopération et d’efficacité en soit dégradé.


C’est pourtant ensemble que les États membres pourront assurer la défense du continent, à condition qu’ils parviennent à l’autonomie stratégique.


L’atteinte de l’autonomie stratégique est en effet, je le crois, une nécessité pour l’Europe, pour la souveraineté de ses membres et pour la survie de l’Union. Afin de parvenir à cette autonomie, l’Europe devra notamment avoir la maîtrise de ses armements et de leur production. Nous en sommes encore très loin.


Nous nous félicitons toutefois de la mutualisation qui se met en œuvre en matière de production. Les Européens peuvent faire beaucoup en coopérant sur ces sujets, en combinant leur savoir-faire et leur expertise.


La mutualisation de la production a de nombreux avantages et renforce l’interdépendance. Mais en l’absence d’unité politique, des désaccords entre les États membres sont susceptibles de déboucher sur des situations de blocage. Il faudra être attentif à ce que de tels désaccords ne paralysent pas la défense de l’Europe.

Il est bien sûr indispensable que les armements produits puissent être exportés. Il en va de la viabilité de nos industries de défense, et donc encore de notre souveraineté.


Nous voulons saluer les nombreuses livraisons de matériel qui auront lieu dans nos armées en 2020. Cela permettra de renouveler des équipements souvent plus âgés que leur équipage.


Certaines livraisons constituent des avancées stratégiques majeures pour notre pays. Nous nous réjouissons particulièrement de celle du sous-marin nucléaire d’attaque Suffren. Nous sommes cependant étonnés de ne pas voir certains matériels dans la liste des livraisons. Et notamment de l’absence de livraison de Rafale neufs pour la cinquième année consécutive.

Le matériel de nos armées doit souvent être renouvelé, il doit toujours être entretenu.

La situation demeure critique en la matière : la disponibilité des aéronefs est globalement inférieure à 50 %. Elle tombe parfois en dessous ; comme pour l’A400M, modèle dont seuls 31 % des appareils sont opérationnels.

Ces indisponibilités ont de forts effets négatifs sur les opérations mais aussi sur l’entraînement. Et c’est évidemment un poids qui pèse sur le moral des troupes.


La modernisation de notre Armée passe aussi par son organisation. Nous avons vu se créer cette année un commandement de l’espace. Il était important que la France ne délaisse pas ce théâtre et y consacre des moyens dédiés. Il faudra veiller à ce que ce commandement bénéficie de ressources suffisantes.


Derrière les machines et la technologie, il ne faut pas oublier qu’il y a surtout des femmes et des hommes. Nous nous félicitons ainsi de la création de 300 emplois dont la grande majorité ira aux domaines prioritaires que sont le renseignement et la cyberdéfense.


Cela ne doit cependant pas nous conduire à ignorer la sous-consommation des crédits de personnels depuis deux ans maintenant. C’est le signe que l’Armée doit aujourd’hui faire face à des jeunes actifs plus exigeants et plus mobiles. Ils sont plus difficiles à recruter et à fidéliser, comme l’a relevé mon collègue des Indépendants, le rapporteur Joël Guerriau.


Face à ce défi RH, il nous faut veiller à rendre la carrière militaire plus attractive, et à en améliorer les conditions de travail, pour maintenir une armée puissante. Le plan « famille » a permis des avancées qu’il faut saluer. Nous restons très attentifs à l’évolution des conditions de vie des militaires et de celles de leur famille. Je pense aussi à la féminisation.


La France a su conserver une armée complète, entraînée et aguerrie, capable d’intervenir sur tous les terrains, à l’heure où l’allié américain est de moins en moins fiable, et où la Chine produit tous les 4 ans l’équivalent de notre marine nationale. Cette armée permet à la France d’occuper son rang de grande puissance. Mais surtout, elle garantit notre souveraineté et notre sécurité dans un environnement de plus en plus instable.


Seul le prononcé fait foi


Interventions au Sénat

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