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Emmanuel CAPUS : PLF pour 2024 - Mission Défense

11Décembre 2023

Projet de loi de Finances pour 2024 : Mission Défense


Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Président de la Commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées,

Monsieur le Rapporteur spécial,

Mesdames et Messieurs les Rapporteurs pour avis,

Mes chers Collègues,

 

Le réveil européen a été aussi tardif que brutal. Pendant des années, des décennies même, la France était bien seule lorsqu’elle exhortait ses partenaires à bâtir une autonomie stratégique.

 

C’était le cas en 2016, lorsque la puissance militaire et nucléaire - qu’est le Royaume-Uni - s’est désolidarisée de l’Union européenne. Le cas encore lorsque le président Trump marchandait la protection européenne.

 

A toutes ces occasions et alors que les djihadistes gagnaient du terrain en Afrique et au Levant, nous étions bien seuls à affirmer que notre sécurité n’était pas donnée mais que nous devions l’assurer nous-mêmes.

 

Nos partenaires n’en voyaient pas la nécessité. Leurs illusions ont été dissipées par l’invasion de l’Ukraine par Poutine. Depuis le 24 février 2022, les Européens tentent de rebâtir une défense digne de ce nom, tout en soutenant autant que faire se peut, l’Ukraine agressée.

 

Relever ce double défi nous oblige à prendre conscience de nos lacunes. Nos partenaires partent de très loin mais il faut reconnaître que même l’armée française fait face à des difficultés. Nous n’avons pas investi autant que nous aurions dû dans notre armée. Le gouvernement avait entrepris de corriger cela avant même l’agression russe. Le fait nouveau du retour de la guerre sur le continent européen imposait néanmoins de réévaluer nos objectifs.

 

La guerre de haute intensité n’a pas les mêmes implications que les conflits asymétriques. Notre modèle d’armée doit évoluer pour nous permettre de faire face aux nouvelles menaces. Plus simple à dire qu’à faire, car cela nécessite une évolution de notre BITD.

Notre industrie s’était adaptée, dimensionnée, afin de répondre aux demandes de nos armées, orientées vers des missions expéditionnaires. Les très grands volumes de munitions employés et les taux d’attrition élevés, caractéristiques des conflits de haute intensité, imposent un changement d’échelle.

 

Cette année, le budget de la défense approche les 2 % de notre PIB. L’effort consenti par l’État est conséquent. De 32 milliards d’euros en 2017, le budget est passé à près de 44 milliards d’euros pour 2023. La progression se poursuit cette année encore avec plus de 47 milliards d’euros pour 2024, dans la droite ligne des objectifs fixés par la loi de programmation militaire.

 

Nous nous félicitons que les engagements pris devant nous par le Gouvernement soient tenus. Les défis qui nous attendent sont gigantesques. Il nous faut tout à la fois moderniser, massifier et soutenir.

 

Moderniser d’abord car nos infrastructures militaires sont vétustes, au point qu’elles deviennent dangereuses. Il faut aussi continuer à moderniser notre arsenal pour rester crédibles. Cela vaut bien sûr pour nos capacités nucléaires mais plus largement pour l’ensemble de notre matériel et de nos savoir-faire. 9 milliards seront consacrés à la modernisation.

 

Massifier ensuite. Affronter un État dans un conflit de haute intensité implique une forte attrition. Nous devons être capables d’y faire face en gagnant en épaisseur. Il s’agit là d’un véritable défi. Nos armées ont cédé certains de leurs appareils pour répondre à des commandes d’exports. Simultanément, nous devons continuer à soutenir nos amis ukrainiens, notamment en leur fournissant de l’armement.

 

Inutile de dire que notre BITD a bien du mal à faire face à ces nouveaux besoins. Pour qu’elle y parvienne, elle doit être sécurisée et accompagnée par des commandes claires.

 

Au-delà du matériel, nous avons également besoin de femmes et d’hommes. Le budget 2024 permettra notamment 28 000 recrutements. Les recrutements sont une chose, la fidélisation en est une autre. Nous l’avons dit, les infrastructures dans lesquelles nos militaires travaillent et vivent doivent être modernisées. 70 millions d’euros seront consacrés à améliorer leurs conditions de vie.

 

Il est également nécessaire de renforcer l’attractivité de ces métiers et la reconnaissance de l’engagement de nos soldats. 184 millions d’euros seront consacrés à de telles revalorisations.

 

Une armée forte constitue l’un des meilleurs atouts pour une paix solide. Confrontée à de multiples défis, notre armée entre dans une période de profonde transformation. Il nous faut veiller à ce que les femmes et les hommes engagés à la défense de la Patrie disposent des moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs missions.

 

Le Groupe Les Indépendants votera en faveur de l’adoption de ces crédits.

 

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Interventions au Sénat

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