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Franck MENONVILLE : QAG - La stratégie européenne "Farm to Fork"

27 octobre 2021


Question d'actualité au Gouvernement

Merci Monsieur le Président,


Ma question s’adresse au ministre de l’agriculture et elle porte sur la stratégie « Farm to fork ».


Déclinaison du Pacte vert européen, cette stratégie vise notamment, à horizon 2030, à porter à 25 % la part de l’agriculture biologique, à baisser de moitié les usages des produits phytosanitaires, et surtout à diminuer de 10 % les surfaces cultivées sur notre continent.


De nombreuses études, dont celle du Centre commun de recherche de la Commission européenne, mettent en avant les effets potentiellement négatifs de cette stratégie. La Commission a malheureusement maintenu sa ligne directrice initiale sans étude d’impact sérieuse.


On estime les pertes de production entre 15 et 20 %, impactant ainsi le revenu des agriculteurs. De plus, cela mettrait l’Europe dans une situation de dépendance alimentaire : d’exportateur, nous pourrions devenir importateur net !


Toujours selon la même étude, et c’est un comble, l’impact sur la lutte contre le changement climatique serait très faible. Alors que c’est bien évidemment l’objectif poursuivi.


Monsieur le Ministre, ces propositions font fi de la situation géopolitique et sont à contre-courant des ambitions que nous portons pour notre agriculture européenne. C’est un renoncement stratégique, qui pourrait sacrifier 60 ans de Politique Agricole Commune.


Ses objectifs ignorent les besoins actuels d’autonomie et les risques de pénurie pourtant mis en exergue par la crise sanitaire. Ne faisons pas à notre agriculture ce que nous avons fait à certains pans de notre industrie !


L’agriculture doit poursuivre sa transition progressive sans brutalité en mobilisant la recherche et l’innovation.


Monsieur le Ministre, vous aurez dans quelques semaines la lourde responsabilité de présider le Conseil des ministres de l’agriculture de l’Union européenne, quelle ligne porterez-vous pour garantir durablement la souveraineté alimentaire de l’Europe ?


Réponse de M. Julien DENORMANDIE – Ministre de l’agriculture et de l’alimentation


Merci beaucoup Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

Monsieur le Sénateur,


Je voudrais d’abord vous dire que dans la vision qui est la mienne de la politique, il n’y a pas de renoncement, il y a toujours une volonté d’action, même quand c’est difficile et vous l’avez très bien exprimé.


Cette étude de la Commission européenne qui est une étude faite par le bureau d’étude de la Commission européenne, elle doit impliquer un réveil des consciences. D’abord un réveil des consciences de toutes celles et ceux qui disent que ça n’est jamais assez en termes de transition agroécologique.


La nouvelle Politique Agricole Commune, elle va tellement loin que, comme vous l’avez dit Monsieur le Sénateur, 13 % de production en moins au niveau européen, 20 % d’augmentation dans les importations et 2/3 des émissions non C02 qu’on va réduire en Europe seront importés par les importations qui augmentent. Où est le sens quand on va aussi loin. Et le deuxième réveil des consciences, Monsieur le Sénateur, c’est un réveil des consciences par rapport à la finalité de notre agriculture. Certains oublient que le rôle, la mission de l’agriculture, c’est son rôle nourricier, et oui Mesdames et Messieurs les Sénateurs, l’Europe a un rôle nourricier. Un rôle nourricier pour notre souveraineté mais un rôle nourricier vis-à-vis du reste du monde, d’autant plus quand avec le changement climatique, on va avoir de plus en plus de zones où la production agricole ne sera plus possible. Et donc, oui, l’Europe doit assumer un rôle nourricier, il en va même d’un certain nombre d’équilibres à l’international.


Alors, face à ça, avec mes collègues, notamment Clément BEAUNE, on va se battre au niveau européen pour deux choses :

- d’abord pour que l’étude d’impact soit faite et les Parlementaires européens l’ont votée ;

- et ensuite, pour faire en sorte qu’on instaure enfin ces closes miroir dans la réciprocité des échanges, parce que sinon, ça n’est plus possible de continuer à avancer aussi vite que nos citoyens le demandent.


Et donc, la ligne, elle est extrêmement claire, il n’y aura pas de renoncement, il y aura une volonté de poursuivre cette ligne-là.

Interventions au Sénat

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