Laure Darcos : Lutte contre l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur
- Les Indépendants
- 19 juin
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19 juin 2025
Conclusions de la commission mixte paritaire sur la proposition de loi relative à la lutte contre l'antisémitisme, le racisme, les discriminations, les violences et la haine dans l'enseignement supérieur - Dossier législatif
Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
Mes chers Collègues,
« Des jeunes gens antisémites, ça existe encore ? Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que ce poison a déjà déséquilibrés ? Quelle tristesse, quelle inquiétude, pour le 20e siècle qui va s’ouvrir ».
Ces propos d’Émile Zola, dans sa Lettre à la jeunesse, datent de 1897. Près de 130 ans plus tard, ils sont encore d’actualité.
Malgré la catastrophe qu’a été la Shoah, l’antisémitisme est bien vivace et même profondément enraciné dans notre pays.
Il s’est fait une place de premier plan dans de nombreuses universités occidentales, qui sont devenues le théâtre d’actes ignobles contre nos compatriotes de confession juive.
A l’évidence, le pogrom perpétré par les terroristes du Hamas le 7 octobre 2023 a donné à l’antisémitisme une dimension nouvelle, en ravivant l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien.
Au sein de l’université, neuf étudiants de confession juive sur dix ont été confrontés à des actes antisémites.
La réalité est glaçante : les agressions physiques, le harcèlement, les messages insultants sur les réseaux sociaux, le refus d’accueillir des étudiants juifs dans des groupes de travail ou de les côtoyer dans les amphithéâtres, les bousculades dans les couloirs sont une bien cruelle réalité.
Or, ni la violence, ni les discriminations n’ont leur place dans l’enseignement supérieur. L’université doit demeurer un lieu de débats et d’échanges, où la raison l’emporte sur toute autre considération.
Bien entendu, rien ne doit nous empêcher de critiquer la politique menée par Benyamin Netanyahu, qui a fait de Gaza un champ de ruines et un tombeau à ciel ouvert.
Les souffrances des Gazaouis, affamés et régulièrement déplacés à l’intérieur de leur propre territoire, nous émeuvent profondément.
Dans ce contexte de guerre au Moyen-Orient, désormais élargie à l’Iran, La France insoumise et ses relais d’extrême-gauche dans le milieu étudiant emploient sans complexe la pire rhétorique antisémite.
C’est pourquoi le texte examiné aujourd’hui n’est pas seulement important. Il est une nécessité et une urgence absolue.
Permettez-moi tout d’abord de saluer nos collègues Pierre-Antoine Lévi et Bernard Fialaire, dont le travail rigoureux dans le cadre de la mission d’information sur la multiplication des actes antisémites dans les universités, a été décisif pour l’inscription de la proposition de loi à l’ordre du jour.
Je voudrais aussi souligner la qualité des échanges approfondis que nous avons eus au sein de la commission mixte paritaire, dont j’étais membre, et dont nous examinons, aujourd’hui, les conclusions.
Malgré les manœuvres dilatoires de certains, consistant à dénaturer le texte en gommant les spécificités liées à l’antisémitisme, nous sommes parvenus à un accord fidèle à l’esprit qui a guidé nos travaux au Sénat.
La CMP a ainsi conservé les mesures emblématiques adoptées pour prévenir, détecter et poursuivre les actes d’antisémitisme.
Néanmoins, ne soyons pas dupes. L’antisémitisme « d’atmosphère », pour reprendre les termes du rapport de Messieurs Lévi et Fialaire, ne se règlera pas à travers une simple proposition de loi, aussi ambitieuse et juste soit-elle.
Nous avons besoin d’une prise de conscience collective.
Tout doit être fait pour lutter contre les préjugés et les représentations faussées de nos compatriotes juifs.
En aucun cas, nos étudiants ne doivent être les victimes expiatoires de la fuite en avant organisée par l’extrême-gauche, qui n’hésite pas à flatter les plus bas instincts dans une perspective de mobilisation électorale pour les prochaines élections locales et nationales.
Ensemble, agissons pour fortifier les valeurs républicaines et conforter le pacte social.
La France sera toujours plus forte que les tentatives de déstabilisation et de fracturation organisées par certains mouvements s’inscrivant dans une logique de rupture et de confrontation. La France sera toujours plus forte que l’antisémitisme et la division.
Je vous invite à soutenir sans réserve le texte issu de la CMP, comme le fera le groupe Les Indépendants que j’ai l’honneur de représenter aujourd’hui.
Je vous remercie.
SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI.