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Laure Darcos - Projet de loi de finances pour 2026 - Mission Culture

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    Les Indépendants
  • il y a 5 heures
  • 5 min de lecture

12 Décembre 2025


Projet de loi de finances pour 2026 - Dossier législatif




SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI


Monsieur le Président,

Madame la Ministre,

Mes chers Collègues,

Les déficits publics sont abyssaux, nous le savons, et le sérieux budgétaire n’a pas été la qualité première des responsables politiques ces dernières années.

Pour autant, fallait-il faire de la culture la variable d’ajustement de la rigueur qu’impose la situation actuelle de nos finances ?

Derrière le mot « culture », nous avons des créateurs et des artistes passionnés, des producteurs engagés, des entreprises du patrimoine et des artisans d’art détenteurs de savoir-faire exceptionnels, des structures qui transmettent avec rigueur des connaissances et forment aux métiers artistiques, des collectivités locales convaincues du rôle qu’elles ont à jouer pour promouvoir et mettre en avant des projets rassembleurs…

Bref, la culture, c’est avant tout de l’humain et des œuvres !

Or, le projet de budget pour 2026 va balayer tout cet écosystème comme une lame de fond et marque une rupture sans précédent dans le financement de la culture.

Tous les programmes de la Mission voient leurs crédits se rétracter. Les autorisations d’engagement sont en repli de 7 % et les crédits de paiement en diminution de 4 %.

Je suis très inquiète pour le secteur de la création. Il pâtit à la fois de mesures de régulation budgétaire des collectivités territoriales - mais comment leur en faire le reproche quand l’État fait peser sur elles une telle pression financière – et de la baisse drastique des crédits du ministère de la culture.

La création est exsangue après des années difficiles, au cours desquelles il a fallu s’extraire de la crise du Covid-19 et faire face à l’inflation exponentielle du coût de l’énergie.

Or, la création artistique repose sur un modèle largement subventionné, faisant la part belle à des financements croisés entre collectivités territoriales, et avec l’État.

Cette structuration du soutien à la culture est clairement en déclin, alors qu’elle garantissait jusqu’à présent la diversité de la production artistique et l’accessibilité la plus large possible aux œuvres.

Les structures labellisées sont contraintes d’opérer des choix cornéliens entre report des créations, suppression de représentations et programmations moins ambitieuses.

Le recul des moyens accordés par l’État au titre de ce projet de loi de finances est donc, à bien des égards, désastreux.

Le spectacle vivant est en grand danger. Nous en sommes tous convaincus, la diminution des crédits impactera, les structures les plus fragiles mais aussi l’emploi artistique et technique.

Comment ne pas évoquer la sous-budgétisation du FONPEPS, dont le rôle est de soutenir l’emploi pérenne dans le spectacle vivant ?

Cette sous-budgétisation a des conséquences lourdes pour les structures employeuses et donne lieu, malheureusement, à des retards de paiement des aides trop fréquents, alors qu’elles sont déjà confrontées à de sérieuses difficultés de trésorerie.

Or, le PLF pour 2026 ne tire aucune conséquence de cette situation, le montant de 35 M€ inscrits étant très en deçà des prévisions d’exécution.

J’en viens à présent au pass Culture, pilier de l’éducation artistique et culturelle, dont la réforme a donné lieu à de fortes tensions.

Le redimensionnement de la part individuelle a été mal pensé. Elle a été concentrée sur les jeunes dont les centres d’intérêts sont déjà très affirmés.

Or, le pass Culture a été massivement adoptée par les jeunes, toutes classes d’âge confondues, ce qui a confirmé la pertinence d’une politique publique dont la singularité résidait dans le libre choix qui leur était accordé pour acquérir des pratiques culturelles régulières.

Le livre ayant été largement plébiscité, ce succès a fait du pass Culture un instrument crucial en faveur du développement de la lecture.

À travers les territoires, le même constat a été dressé sur le terrain par les libraires, qui s’étaient massivement investis dans le déploiement de l’offre.

La réforme mise en œuvre par le ministère de la culture a eu pour effet de vider le pass Culture de sa substance, et nous voyons aujourd’hui la part collective à son tour affectée par une mesure de régulation budgétaire, tout aussi incompréhensible.

Enfin, l’éducation artistique et culturelle est à la dérive avec des crédits qui n’évolueront pas par rapport à 2025 et se limiteront à un peu plus de 85 M€ en crédits de paiement.

La pénurie de moyens se gère au détriment de l’objectif fondateur de l’EAC : encourager la participation des enfants et des adolescents à la vie artistique et culturelle par l’acquisition de connaissances, un rapport direct aux œuvres, la rencontre avec des artistes et professionnels de la culture et une pratique artistique ou culturelle.

Je voudrais à présent évoquer les enjeux liés au patrimoine.

Le programme 175, qui concentre les crédits qui lui sont dédiés, est le plus affecté des programmes de la Mission « Culture ».

Cette rupture est pour le moins paradoxale, alors que certains de nos monuments historiques les plus emblématiques, châteaux et églises, sont fortement dégradés et auraient besoin d’investissements massifs.

Le plus symbolique d’entre eux, Versailles, perd 6 M€ de crédits de paiement, sans compter le Louvre, qui enchaîne les événements dramatiques depuis plusieurs semaines, et dont la dotation est réduite de 5 M€.

Globalement, les crédits alloués à la conservation du patrimoine sont en chute libre, tant en autorisations d’engagement qu’en crédits de paiement.

Les crédits d’intervention des DRAC vont se rétracter à due concurrence, mécontentant en premier lieu les élus locaux qui voient le patrimoine de leurs communes se dégrader rapidement et, dans le pire des cas, atteindre un point de non retour.

La concentration des crédits sur quelques grands projets pose à l’évidence question mais certains chantiers d’envergure se trouvent également affectés dans leur phasage et verront leurs investissements lissés dans le temps.

C’est le cas des travaux inscrits dans le schéma directeur du Château de Fontainebleau ou encore de ceux prévus dans le schéma directeur du domaine national de Chambord !

Le défaut d’investissements continus fragilise la conservation du patrimoine. Il met aussi en péril l’activité de centaines d’entreprises hautement spécialisées dans la restauration des monuments historiques et les 40 000 emplois qualifiés du secteur.

Mes chers collègues, l’heure est grave.

La situation de la culture impose de changer de braquet. Sortons des schémas de pensée habituels, élaborés il y a des décennies et mettons en place des politiques de soutien intelligentes, agiles, efficaces et correctement calibrées d’un point de vue budgétaire, avec une logique pluriannuelle.

Il est de notre devoir à nous, législateurs, d’agir avec force pour que chacun puisse avoir accès à la culture, aux musées, aux joyaux de notre patrimoine, au spectacle vivant comme aux arts visuels, passés ou modernes.

Je vous remercie.


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