Laure Darcos - Projet de loi de finances pour 2026 - Mission Médias, livres et industries culturelles
- Les Indépendants
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11 Décembre 2025
Projet de loi de finances pour 2026 - Dossier législatif
SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI
Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
Mes chers Collègues,
La mission « Médias, Livre et Industries culturelles » a, chaque année, une résonance particulière.
Les politiques découlant de cette mission budgétaire et de celle du compte spécial relatif aux avances à l’audiovisuel public, ont des implications majeures en matière d’accès à la culture et à l’information de nos concitoyens.
Ce sont elles qui contribuent à faire vivre la production, la diffusion et le pluralisme des idées et des œuvres partout dans nos territoires.
Or, les secteurs concernés font face, depuis plusieurs années, à d’importants bouleversements.
Que ce soit celui du livre, de la presse écrite, de la musique, de la radio, ou encore de l’audiovisuel, tous ont été impactés, hier par l’essor d’internet, aujourd’hui par l'intelligence artificielle.
Venons-en aux composantes de cette mission, à commencer par le programme « Livre et industries culturelles ». Son montant s’élève à 343,4 millions d’euros dans le projet de loi de finances pour 2026, en diminution par rapport à 2025.
Le secteur du livre, en particulier, a besoin d’un réel accompagnement.
Or, la dotation dont bénéficie le Centre National du Livre est réduite de plus de 4 millions d’euros dans ce PLF 2026, alors qu’il joue un rôle majeur dans le soutien à la filière.
Le CNL sera donc contraint de puiser dans son fonds de roulement pour absorber cette mesure de régulation budgétaire.
Quant à la Bibliothèque nationale de France, la stabilité des moyens qui lui sont alloués est certes appréciable mais elle ne permettra pas à l’institution d’engager la rénovation du site François Mitterrand, très dégradé et qui fait face à un mur d’investissement.
Afin de soutenir le secteur du livre et ses acteurs, j’ai déposé, à l’instar de notre collègue Sylvie Robert, un amendement visant à revaloriser la part « État » du droit de prêt, qui est un levier essentiel pour la rémunération des auteurs et des éditeurs. Il n’a pas évolué depuis près de 22 ans, malgré l’inflation.
Je voudrais par ailleurs m’insurger publiquement contre la pratique illégale d’une grande entreprise américaine, Amazon, qui a décidé d’exonérer de frais de livraison ses clients récupérant leurs commandes de livres dans des points de retrait installés dans les galeries marchandes des grandes surfaces.
Cette pratique est illégale, comme l’a rappelé le Médiateur du Livre. J’en appelle, Madame la Ministre, à une action énergique contre cet acteur qui s’affranchit sans ambages de la loi française, et met en difficulté les librairies que la loi de 2021 avait justement voulu protéger.
J’en viens à présent au secteur du cinéma, en nette perte de vitesse en 2025, avec une fréquentation des salles très décevante.
C’est toute une filière qui voit son activité fragilisée, et la mise à contribution du CNC pour participer au redressement des comptes publics, en 2025 comme en 2026, est une mauvaise manière faite au cinéma dans ce contexte.
Heureusement, nous nous sommes mobilisés en première partie de ce PLF pour reconduire jusqu’à la fin de l’année 2028 le crédit d’impôt international, qui est un des outils les plus performants pour attirer les investissements internationaux en France.
Notre mobilisation a également permis de maintenir en l’état les taxes affectées au Centre national du cinéma et de l’image animée et de ne pas les soumettre à un plafonnement.
Enfin, à l’initiative de notre collègue Cédric Vial, nous avons doublé le plafond du crédit d’impôt audiovisuel bénéficiant aux producteurs d’œuvres d’animation, ce qui favorisera la production de nouveaux films d’animation en France et confortera la compétitivité de nos studios.
Souhaitons que ces mesures de soutien au cinéma puissent figurer dans le texte définitif.
L’autre point central de la mission « Médias, Livre et Industries culturelles » est le programme « Presse et Médias ».
Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit un montant total des aides à la presse écrite en diminution de 5,8 % par rapport à 2025, soit 10,8 millions d’euros.
La diminution des crédits du Fonds stratégique pour le développement de la presse, qui permet d’accompagner la transformation des entreprises vers le numérique, me semble être un mauvais signal. Une correction s’impose.
Nous le savons, le soutien de l’État est déterminant pour les entreprises de presse, qui font face à l’érosion continue de leur lectorat, à l’assèchement de leurs revenus publicitaires aspirés par les grandes plateformes numériques, et à une distribution pour le moins erratique.
Pour ce qui concerne les avances à l’audiovisuel public, le montant prévu pour 2026 est également en diminution.
Sont particulièrement impactés France Télévision, Radio France et l’INA, qui doivent contribuer à l’effort de réduction des dépenses publiques. Mais c’est France Télévisions qui porte l’essentiel de la diminution des crédits alors même qu’il fait face, depuis plusieurs années, à une situation dégradée.
Mes chers collègues, l’audiovisuel public doit rester un repère, une valeur sûre.
Protéger l’information avérée, c’est-à-dire vérifiée, sourcée et fiable, est devenu un défi crucial. L’enjeu n’est plus seulement d’informer, mais de défendre la vérité dans un environnement saturé de contenus douteux.
Si nous soutenons le pluralisme des médias avec conviction, nous croyons par-dessus tout en la vertu pédagogique et la qualité de l’information diffusée.
L’audiovisuel public est une force de frappe culturelle de premier ordre. On ne compte plus les émissions et séries de grande qualité, les podcasts érudits accessibles en ligne mais encore trop souvent méconnus, et l’importance qu’il donne sur ses antennes au partage des savoirs et à la création.
Dans ce contexte, il a une responsabilité toute particulière et doit être correctement financé.
Demander plus d’efforts à France Télévisions conduirait à une impasse : l’entreprise a déjà réduit sa masse salariale de façon drastique, avec une baisse de 10 % de ses effectifs en quatre ans.
Les coupes supplémentaires qui lui sont demandées ou plutôt imposées, devrais-je dire, ne seront pas sans conséquences. Je le regrette profondément.
Enfin, je souhaite conclure sur le fait qu’il nous faut redoubler de vigilance face aux défis sans précédent que pose l’intelligence artificielle aux secteurs concernés par la présente mission : à nous d’agir, en tant que législateur, pour apporter des réponses efficaces au fléau du moissonnage des contenus culturels, qui prive les ayant droits de la juste rémunération de leur travail.
Nous nous y attelons au sein de la commission de la culture.
Sous ces réserves, le groupe Les Indépendants, République et Territoires votera les crédits de la mission.
Je vous remercie.








