QAG - Vincent Louault - Production et consommation de l’électricité en France
- Les Indépendants
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10 décembre 2025
Question d'actualité au Gouvernement
Question de Vincent Louault :
Merci Monsieur le Président.
Monsieur le Ministre de l'Énergie, hier, RTE présentait son rapport prévisionnel 2025-2035 indiquant, au passage, une trajectoire de consommation qui ne monte pas.
Aujourd'hui, ma question est simple : le nucléaire est l'un de nos florons industriels français, pouvez-vous nous expliquer en quoi votre trajectoire, notamment PPE, ne va pas asphyxier toute la filière ? Et demain, j'attendrai le rapport des conclusions d'EDF sur la modulation du nucléaire avec impatience.
Réponse du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique, Roland Lescure :
Monsieur le sénateur Louault, merci pour votre question.
D'abord, vous l'avez dit, RTE a publié une actualisation de ses prévisions de demandes pour les années qui viennent, qui montre effectivement qu'à ce stade, l'électrification est en retrait par rapport à ce qu'on espérait, ce à quoi on s'attendait.
Et ce mouvement, il est d'ailleurs un peu généralisé dans le monde. La tendance à l'électrification, elle est présente, mais elle est insuffisamment forte pour aller vers la décarbonation.
Deuxième point important, je pense, réjouissons-nous tous ensemble qu'aujourd'hui l'électricité produite en France soit, j'allais dire, assez largement disponible parce que c'est ce qui nous permet aujourd'hui d'avoir une des électricités les moins chères en Europe.
On paye 40% de moins qu'en Allemagne et on paye évidemment à la fois du côté des ménages et du côté des industries.
Il faut continuer à appuyer ces mouvements mais réjouissons-nous.
Vous me demandez si on souhaite asphyxier quelques filières que ce soit.
Bien au contraire, on souhaite donner de l'air et donner de la perspective et donner une vision à toutes les filières qui aujourd'hui vont nous permettre de développer l'industrie en France et de développer l'énergie en France, une énergie décarbonée en volume et pas chère.
Et vous le savez pour ça, nous souhaitons marcher sur nos deux jambes, le nucléaire.
Depuis le discours de Belfort du président de la République, nous souhaitons engager la filière vers des investissements d'importance, six EPR pour commencer à Penly, au Bugey et à Gravelines, et dans la foulée sans doute huit supplémentaires, avec des enjeux de financement, on les précise en ayant la moitié au moins financée par un grand prêt public, et les enjeux de recrutement.
Mais on a aussi besoin des énergies renouvelables, vous le savez, elles sont plus flexibles, elles sont plus disponibles à court terme, elles posent des défis d'équilibre du réseau, et ça il faut l'intégrer. En gros, on a une vision stratégique globale qu'on va avoir l'occasion de présenter, puisque le Premier ministre m'a demandé de lui faire des propositions sur la programmation pluriannuelle de l'énergie.
Il l'a dit, les décisions sont prises avant Noël et vous aurez de nos nouvelles très vite.
Réplique de Vincent Louault :
Monsieur le Ministre, merci pour vos réponses et je vous remercie pour l'attention que vous me portez tous les jours, vous et votre cabinet.
Pour la compréhension de tous, quand l'Allemagne investit et produit plus d'ENR, elle consomme moins de charbon, moins de gaz, donc ça marche et c'est utile.
Mais si la France s'entête à faire comme l'Allemagne, ce n'est pas une centrale à charbon que l'on fermera, c'est bien une centrale nucléaire.
Non seulement ça ne marche pas du tout, c'est parfaitement inutile.
Je vous demande de ne pas réviser l'ambition finale de décarbonation, mais de bien mesurer la dose et la rapidité auxquelles augmenter nos capacités de production intermittentes.
Si vous ne le faites pas, cela aura deux conséquences.
La première conséquence, c'est l'explosion des coûts de réseau et par là-même l'explosion des factures d'électricité des Français, ainsi que leurs impôts, car les contributions aux charges de services publics de l'électricité dont on a parlé durant le budget, 13 milliards, continueront d'augmenter.
À titre de comparaison, 13 milliards, c'est deux fois la politique agricole commune. Les agriculteurs apprécieront et un porte-avions qui coûte 10 milliards tous les ans.
La deuxième conséquence, et c'est là que j'émets des doutes sur le fait d'asphyxier la filière, c'est que si l'on continue à mettre de l'intermittence qui au final ne servira à rien, cela provoquera la nécessaire modulation de notre nucléaire, qui depuis 20 ans est plutôt autour de 15 TWh et qui est aujourd'hui déjà à 30 TWh de modulation.
Alors imaginez si vous rajoutez 30, 40, 50 TWh d'intermittence, il faudra carrément arrêter les centrales une partie de l'année et on ne finira pas d'asphyxier EDF qui, au passage, ne pourra pas payer ses investissements.
Alors oui, ma peur aujourd'hui, ce n'est pas l'asphyxie de toute la filière du nucléaire, c'est sa destruction programmée.








