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Franck MENONVILLE : QAG - Les défis du secteur agricole suite à la crise sanitaire et économique

24 mars 2021


Question d'actualité au Gouvernement

Ma question s’adresse au Ministre de l’Agriculture. Elle porte sur les difficultés actuellement dans la filière viande bovine dans notre pays.

En effet, en 2020, alors même que les ventes de viandes bovines françaises ont progressé, le prix payé aux éleveurs n’a cessé lui de chuter, pour aboutir à un résultat particulièrement alarmant, car selon la Fédération Nationale Bovine, en effet, les éleveurs ont dû vivre avec moins de 700 euros par mois cette année.

La France est pourtant le premier producteur européen de viande bovine avec 485.000 emplois qui contribuent à l’animation de nos territoires et façonnent nos paysages. La viande rouge représente 63% de la viande consommée en France et fait partie intégrante de notre patrimoine gastronomique.

Alors, nous ne pouvons pas regarder sans agir nos éleveurs disparaître, en raison de prix inexplicablement bas, à l’image du cours des jeunes bovins.

Nous ne pouvons pas laisser les éleveurs continuer à vendre leurs animaux à un prix inférieur d’environ 1 euro du kilo par rapport aux coûts de production. Des coûts de production qui par ailleurs ne cessent d’augmenter !

La crise des éleveurs est accentuée par l’augmentation des prix des matières premières nécessaires à l’alimentation du bétail, ravivant ainsi les tensions sur le partage de la valeur ajoutée.

La loi EGALIM, porteuse d’espoirs, censée rééquilibrer les relations commerciales entre agriculteurs, transformateurs, grande distribution tarde à porter ses fruits.

En pleine négociations de la PAC les inquiétudes se font grandes.

Alors Monsieur le Ministre, que comptez-vous faire pour soutenir concrètement et dans la durée les éleveurs français, pour leur redonner de nouvelles perspectives ?

Et au-delà des aides annoncées les éleveurs ont besoin de soutiens structurels. Quelles mesures comptez-vous prendre pour rendre la loi EGALIM efficiente face aux réalités de nos éleveurs français ?


Réponse de M. Julien Denormandie – Ministre de l’Agriculture


Merci Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

Monsieur le Sénateur,


Votre question porte sur la loi EGALIM et sur cette juste rémunération de nos agriculteurs.

Moi je vais vous parler avec beaucoup de franchise : la situation aujourd’hui elle reste inacceptable.

La loi EGALIM a permis de faire des bougées. Mais force est de constater que certains, parmi la grande distribution, parmi les industriels, ne respectent ni l’esprit, ni parfois même la lettre de la loi EGALIM. Et la conséquence c’est quoi ? C’est que d’un côté, on ne peut pas demander à notre agriculture, qui a chevillé au corps cette volonté de nourrir le peuple, on ne peut pas lui demander de toujours nourrir avec plus de qualité si au même moment on laisse s’organiser cette guerre des prix. On voit bien monter en qualité tout en faisant cette guerre des prix, c’est incompatible.


Alors face à ça, il nous faut faire deux choses : la fermeté et aller plus loin sur la loi EGALIM.

D’abord la fermeté. Les négociations commerciales c’est un rapport de forces. Je l’ai toujours dit, l’État est rentré dans ce rapport de forces. Songez Monsieur le Sénateur, qu’en l’espace de 6 semaines nous avons fait l’équivalent de 6 mois de contrôle ? Parce que, dans notre République, la loi, elle doit être appliquée ! et donc avec la DGCCRF on a démultiplié les contrôles.

Mais au-delà de ces rapports de forces, il nous faut aller plus loin sur la loi EGALIM. Il nous faut comprendre ce qui ne marche pas et voir qu’est-ce qu’il nous faut modifier. C’est tout le sens des travaux que j’ai confié à Serge Papin, l’ancien président de Système U, qui me remet ses recommandations demain. Et qui visent à quoi, à faire plus de contractualisations, à faire plus de transparence, et au final à trouver des solutions, sûrement législatives d’ailleurs, pour arrêter cette contradiction entre la loi LME de 2007 que vous connaissez bien, qui était une loi de déflation, et la loi EGALIM qui vise à mieux rémunérer. Mais l’une et l’autre là aussi nécessitent d’être beaucoup mieux coordonnées et donc il nous faudra faire à nouveau des bougées là-dessus.


Je m’y engage, sous l’autorité du Premier Ministre. C’est une question de souveraineté.

Interventions au Sénat

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